En guise d’introduction, ce commentaire lu quelque part sur les réseaux sociaux : « Tiens, je ne savais pas que Julian Assange était aussi musicien… ». On paraphrase mais l’idée est là : en visionnant un clip de Connan Mockasin, on peut être tenté de croire que le fondateur de WikiLeaks, de guerre lasse, a remisé son ordinateur au placard pour se consacrer à la vocation musicale. S’ils partagent ce teint diaphane et ce regard étrange qui fascine autant qu’il dérange, la vague ressemblance entre le popeux néo-zélandais et l’ex-invité au long cours de l’Ambassade d’Equateur à Londres s’arrête là. Loin des intrigues géopolitiques chères au cybertrublion australien, les préoccupations de Mockasin sont plus courantes mais néanmoins universelles : l’éternelle histoire d’un timide qui se cache derrière sa guitare pour séduire.

Drôle d’animal que ce kiwi indie. Coutumier des concepts farfelus et des expérimentations sonores étranges,  son 1er album solo traitait de l’amour d’un homme pour un dauphin. C’est dans une chambre d’hôtel à Tokyo qu’il enregistre son 2e solo « Caramel »,  sorti en 2013, un album sur lequel il développe les sonorités que lui évoquent ce titre comestible. En résulte une soul aquatique distordue, comme un Curtis Mayfield diffusé sur les haut-parleurs faiblards d’une piscine municipale. Funk lo-fi lascif,  ballade ouatée envoûtante, complainte amoureuse downtempo, Mockasin explore de sa voix fluette les confins d’une soul adolescente, aussi gauche que touchante.
Avec sa mélodie délectable, sa guitare flottante et ses suppliques timides et enjôleuses, notre morceau du jour « Caramel » fait le trait d’union entre une fin d’été en pente douce et un début d’automne humide et gris.

initiales-fond-noir-300x300px-1