Le 25 mars 1997, soit il y a 20 ans à quelques jours près, The Notorious B.I.G. sortait son 2e et dernier album « Life After Death ». Déjà considéré comme le King Of New York après le succès de son premier opus « Ready To Die » 2 ans et demi plus tôt, ce deuxième album s’annonçait comme celui de la consécration pour Biggie Smalls. Celle-ci fut malheureusement posthume, puisqu’il fut assassiné 16 jours avant la sortie de l’album, un meurtre non élucidé à ce jour, comme celui de son frère ennemi 2Pac…
La sortie de « Life After Death » provoqua un emballement compréhensible sur la qualité de celui-ci, le magazine de référence The Source lui décernant ainsi 5 micros sur 5. Mais dans un contexte émotionnellement lourd, il était difficile de juger « Life After Death » avec le recul nécessaire pour l’apprécier à sa juste valeur. Deux décennies plus tard, on peut affirmer sans conteste qu’il s’agit bien d’un des meilleurs albums de l’histoire du rap US. Double album gargantuesque, « Life After Death » oscille avec brio entre tubes commerciaux (« Mo Money, Mo Problems »…) et hip-hop hardcore (« Ten Crack Commandments ») sans jamais prendre parti. Produit majoritairement par les Hitmen de Bad Boy Entertainment, spécialisés dans les hits clinquants, l’album s’enrichit de participations extérieures de haut niveau (DJ Premier, RZA, Havoc, Easy Mo Bee, Buckwild…) qui viennent lui apporter une esthétique plus hardcore.
Pour célébrer les 20 ans de cet album mythique, nous avons décortiqué nos 6 samples préférés de « Life After Death ».
VERSION SAMPLEE : « Hypnotize »
ORIGINAL : Herb Alpert – « Rise »
Musicien, peintre, sculpteur, Herb Alpert est la définition-même de ce que les anglo-saxons qualifient de renaissance man. Il fut aussi une véritable légende de l’industrie musicale : au cours de sa carrière, il créa le label A&M (qui accueillit The Carpenters, Cat Stevens ou encore Sergio Mendes), composa pour Sam Cooke et connut le succès au cours de sa longue carrière de trompettiste. Si le morceau « Rise » (sorti en 1979 sur l’album du même nom) fut son plus grand hit commercial, espérons que la postérité retiendra autre chose de lui car ce jazz/funk/pop cheesy sonne franchement daté. Seule qualité salvatrice de ce morceau, cette ligne de basse bien grasse qui fut samplée par Deric « D-Dot » Angelettie et Ron « Amen-Ra » Lawrence pour composer l’ossature du tube de Biggie.
VERSION SAMPLEE : « Kick In The Door »
ORIGINAL : Screamin’ Jay Hawkins – « I Put A Spell On You »
Ce « diss track » visant Nas et Raekwon de manière à peine voilée permet d’observer le génie de DJ Premier en action. Premo passe le blues ternaire de Screamin’ Jay Hawkins en binaire, amenant de la suspension là où le morceau original était plus pesant, ce qui donne cet effet syncopé et percussif des cuivres.
VERSION SAMPLEE : « I Got A Story To Tell »
ORIGINAL : Andreas Vollenweider – « Belladonna »
Ici, il ne s’agit pas tant d’un sample que d’une réinterprétation de ce morceau du harpiste suisse new age (!!!) Andreas Vollenweider. Buckwild rejoue une bribe de mélodie du morceau original et la couple avec le break de « I’m Glad You’re Mine » d’Al Green et son rimshot reconnaissable entre mille, créant un beat aussi inoubliable que le storytelling de Biggie.
VERSION SAMPLEE : « Ten Crack Commandments »
ORIGINAL : Les McCann – « Vallarta »
Génie de DJ Premier, suite : il prend 3 notes d’un morceau assez quelconque du néanmoins excellent pianiste jazz Les McCann et scratche simplement l’une d’elles, créant ainsi une boucle sombre qui change drastiquement de l’ambiance pseudo-tropicale du morceau original. Cette atmosphère musicale paranoïaque illustre parfaitement les « best practices » du deal de crack dispensées par Biggie Smalls.
VERSION SAMPLEE : « Sky’s The Limit »
ORIGINAL : Bobby Caldwell – « My Flame »
Ce morceau au thème « rags to riches » est en quelque sorte la suite non-officielle de « Juicy ». Là où le morceau de « Ready To Die » étalait sa réussite dans l’exhubérance, « Sky’s The Limit » dévoile une satisfaction tempérée d’un adulte suffisamment mûr pour mesurer le chemin parcouru. DJ Clark Kent extrait une boucle simple d’un morceau smooth jazz de Bobby Caldwell pour créer cette ambiance onirique propice à l’introspection.
VERSION SAMPLEE : « The World Is Filled… »
ORIGINAL : Asha Puthli – « Space Talk »
L’original est un excellent morceau disco-funk de la chanteuse indienne Asha Puthli, avec là encore une ligne de basse exceptionnelle.