…ou comment soul 70s mielleuse et hip-hop hardcore du Queens font bon ménage grâce aux talents d’alchimiste sonore de Havoc.
ORIGINAL : Norman Connors – « You Are My Starship »
Batteur jazz à l’origine, Norman Connors se tourne vers le R&B dans le courant des années 70 avec quelques succès à la clé, comme ce morceau de 1976 chanté par le bassiste Michael Henderson. Cette ballade soul sirupeuse tient plus des Poetic Lover que du rap hardcore, et Mobb Deep la met au régime sans sucre pour l’adapter à la sauce new yorkaise.
VERSION SAMPLEE : Mobb Deep – « Trife Life »
Binôme du regretté Prodigy et beatmaker attitré du duo, Havoc a la réputation de « salir » tout ce qu’il touche. On entend par là cette capacité à prendre n’importe quel matériel-source pour l’amener dans le caniveau d’une rue sombre de Queensbridge.
Sur ce morceau extrait du classique album « The Infamous » sorti en 1995, Havoc désosse ce clinquant original comme une Cadillac volée pour n’en réutiliser que quelques pièces détachées (une intro de clavier par-ci, un saxophone soprano par-là) à des fins d’ambiance. Mais le tour de force du morceau est bien cette mélodie en sourdine qu’on distingue en arrière-plan sur les couplets (une méthode couramment utilisée dans le hip-hop de cette décennie) : Havoc l’obtient en passant l’original à l’étouffoir pour n’en garder que la basse, comme le son filtré s’échappant d’un Hummer qui passe toutes vitres fermées. Avec l’adjonction de violons sinistres et d’une caisse claire métallique gonflée à la reverb, il échafaude une atmosphère oppressante qui accompagne la paranoïa de ce conte de rue, où une rencontre tardive peut déraper à tout moment.