A la fin des années 60, le jeune lycéen Horace Swaby ne brille pas vraiment par son assiduité. Élève au Kingston College, il sèche régulièrement les cours pour s’introduire dans la chapelle du lycée afin d’y parfaire ses talents d’organiste. C’est à cette période qu’une de ses camarades de classe lui prête un mélodica. Cet instrument à vent étrange, qui tient autant de l’harmonica que du clavier, est utilisé pour l’apprentissage de la musique dans les écoles jamaïcaines. Swaby est immédiatement fasciné par cet outil qui offre selon lui des possibilités plus larges que celles du registre enfantin auquel il est cantonné.

Swaby compte parmi ses fréquentations lycéennes un certain Clive Chin : leur amitié lui ouvre les portes du producteur reggae Chin Loy et de son label Aquarius qu’il intègre en 1970 à 15 ans à peine. Suite à leur première session d’enregistrement ensemble, Chin Loy crédite la performance de Swaby sous l’alias « Augustus Pablo », que le producteur utilise régulièrement comme crédit sur divers enregistrements instrumentaux : l’adolescent fait sien ce nom de plume et Horace Swaby s’efface alors derrière Augustus Pablo. Les 2 hommes enregistrent quelques singles, sans grand impact, mais il faut attendre 1971 et notre morceau du jour, pour qu’Augustus Pablo impose son style.

Entre le son ensorcelant du mélodica d’Augustus Pablo, l’orgue de Glen Adam et la rythmique que Chin Loy a achetée à Lee Perry, « East Of The River Nile » crée une atmosphère exotique dont les harmonies mineures font écho aux mélodies pentatoniques d’Asie. Ce morceau instrumental roots contribue à populariser le genre dans toute la Jamaïque. Le roi du mélodica n’a pas été oublié, il traverse les âges et les genres musicaux grâce au sampling d’artistes comme le MC new yorkais J-Live, qui emprunta « East Of The River Nile » pour son morceau « Satisfied »

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