Quand certains s’emballaient sur l’album surprise de Beyoncé et Jay-Z, nous attendions avec impatience la sortie d’une compilation regroupant des titres de musique antillaise enregistrés il y a 50 ans… Ce constat a quelque chose de paradoxal, mais quand l’enjeu d’une telle sortie n’est rien moins que la mise en lumière d’un des acteurs majeurs du patrimoine musical des Antilles Françaises, un sujet qui nous est particulièrement cher, on comprend (un peu) mieux notre empressement.
C’est avec une joie non dissimulée que nous avons accueilli la sortie le 29 juin dernier de la compilation « Disques Debs International, Vol. 1 » sur le label anglais Strut. Compilé par les oreilles expertes d’Emile Omar (Tropical Discoteq) et Hugo Mendez (Sofrito), il s’agit du premier d’une série de 3 volumes consacrée au mythique producteur guadeloupéen Henri Debs, qui contribua à définir durablement les contours de la musique antillaise et à la faire rayonner bien au-delà de la mer des Caraïbes. Pour cette toute première sortie ayant eu accès aux archives officielles de Disques Debs, ce Volume 1 met en lumière quelques productions de la première décennie d’existence du label que Debs fonda à la fin des années 50.
Outre la génération d’artistes locaux qui émergea dans les années 60, Debs eut également l’occasion d’enregistrer des artistes étrangers de passage dans la région. Ce fut notamment le cas du Ry-Co Jazz, un groupe du Congo Brazzaville qui importa la rumba congolaise aux Antilles au milieu des années 60. Durant leurs années passées à écumer les Petites et Grandes Antilles, Debs les invita à venir enregistrer dans son studio guadeloupéen. Parmi les titres enregistrés lors de ces sessions, notre morceau du jour : « Si I Bon Di I Bon », qu’on retrouve sur la compilation de Strut, est une biguine uptempo qui vous fera gigoter à votre corps défendant malgré la canicule.
Au final, ce premier volume est une bien belle compilation qui fait écho au fantastique slogan d’époque de Disques Debs, plus que jamais d’actualité : « Disques Debs, sauveur de la musique antillaise. Si on la défend de nos jours, c’est que Debs l’a sauvée jadis ».
Avis aux amateurs de musique antillaise : la sortie de cette compilation sera célébrée lors d’un bal antillais à La Petite Halle ce dimanche 8 juillet à partir de 15h (entrée gratuite), avec aux platines pour une sélection 100% vinyles les compilateurs Hugo Mendez et Emile Omar, ainsi qu’Aurel Orl (Muzzicaltrips). Nous, on y sera !