Quoi de plus frustrant, quand on souhaite créer la playlist parfaite, que de se rendre compte que le morceau que l’on cherchait n’est pas disponible sur son service de streaming favori ? Face à ce problème, une seule solution : le lobbying.
« Wanted » met en avant des morceaux, albums, compilations ou bandes originales qui passent encore entre les mailles du filet et mériteraient d’être accessibles sur toutes les plateformes de streaming. L’occasion pour vous de (re)découvrir ces œuvres, et pour nous de militer afin de les voir un jour débarquer sur les services de streaming et dans nos playlists.

Au programme de cette édition, une rareté, une pépite, un amour de prod de J Dilla.

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Subtilité. S’il est un trait caractéristique qu’on adore chez le regretté J Dilla, c’est son remarquable talent pour conjuguer les beats les plus brutaux et les samples les plus raffinés sans que l’exercice confine à l’alliance contre-nature. Le producteur de Detroit n’avait pas d’égal quand il s’agissait d’injecter une dose de soul dans son hip hop et inversement.

C’est le cas – un cas d’école, serait-on tenté de dire – sur ce remix de « Eve » qu’il réalisa pour le trio électro anglais Spacek. Sorti en 2000, ce morceau témoigne des prémices de la période spatiale de Jay Dee durant laquelle il s’éloigna d’un sampling orthodoxe pour explorer des sons plus synthétiques : l’ambiance intime du morceau original, portée par les digressions de guitare et les envolées de cordes, cède la place à une atmosphère musicale ample et froide comme l’espace. La magie de J Dilla, c’est de réussir, sur ce canevas polaire, à insuffler l’esprit intimiste du morceau original par petites touches. Ces 2 accords d’orgue en fond sonore, ces harmonies de guitare de l’original qu’il réutilise sur le refrain, cette discrète charley non quantizée (sa marque de fabrique) et légèrement hors du rythme qui donne au beat ce swing imparfait et tellement humain : comme un tableau impressionniste, il faut reculer de quelques pas pour saisir la cohérence de l’ensemble. La voix désincarnée de Steve Spacek plane au-dessus du son tellurique de Jay Dee comme un cerf-volant amarré, ballotté par des vents d’altitude. Avec ce son qui cogne fort tout en conservant la mélancolie de l’original, Dilla Dawg achève le parfait équilibre entre finesse et sauvagerie.
Un conseil : le son de la vidéo ci-dessous est un peu faiblard, alors n’hésitez pas à pousser le volume au maximum pour percevoir et apprécier pleinement toutes les nuances de cet excellent morceau.

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