Qualifier Willie Hale d’habitué des studios ne suffit pas à rendre justice à ce stakhanoviste de l’enregistrement. Des années durant, celui qu’on surnomme « Little Beaver » (petit castor) du fait de sa dentition proéminente fit office de musicien de session pour de nombreux artistes : on retrouve notamment ses accords de guitare syncopés sur  des titres emblématiques comme « Clean Up Woman » de Betty Wright ou « Rockin’ Chair » de Gwen McCrae.

Little Beaver compte parmi ses fans un jeune bassiste qui s’incruste souvent dans les studios de son label TK Records à Hialeah, Floride rien que pour le regarder jouer. Son nom ? Jaco Pastorius. La future légende de la basse a déjà eu l’occasion d’enregistrer avec son idole,  et pourtant, ce n’était pas gagné. Voyant débarquer ce gringalet à la dégaine de hippie, le producteur Willie Clarke est plus que dubitatif. Mais lorsqu’il lance l’enregistrement de « Funkadelic Sound », Clarke est littéralement bluffé par le jeu de Pastorius au point d’oublier d’arrêter la bande une fois le morceau terminé. Une prise et c’est dans la boîte…

L’idole et son disciple collaborent à nouveau sur « I Can Dig It Baby », extrait de l’album « Party Down », sorti en 1974. Si George « Chocolate » Perry joue la basse sur le reste de l’album, c’est bien Jaco Pastorius (bizarrement crédité sous l’alias Nelson « Jocko » Padron) qui officie sur ce morceau chaloupé aux influences latines. Baladant ses doigts de magicien sur sa basse fretless, il sort de son chapeau une ligne ébouriffante qui se marie à merveille à la voix suave de Little Beaver.

initiales-fond-noir-300x300px-1