Fer de lance de la scène samba-rock avec son tube « Zamba Ben » dans les années 70, opening act de James Brown à La Barbade, collaborateur des Rolling Stones, ami de Mick Jagger et de Bob Marley… Ce CV, si prestigieux soit-il, n’a pas empêché le guitariste et percussionniste Marco Antonio Ribas, alias Marku, de sombrer quelque peu dans l’oubli dans son pays au tournant du siècle. Si le grand public brésilien a la mémoire courte, il n’en est pas de même pour les artistes de la jeune génération : Ed Motta réédite certains de ses morceaux sur une compilation, le rappeur Marcelo D2 le sample, Curumin l’invite à user de sa voix profonde et envoûtante sur son album « Japan Pop Show », autant de marques de respect qui viennent rappeler son influence dans l’histoire de la musique brésilienne.
Forcé à l’exode par la junte dans les années 70 comme bon nombre de ses complices en subversion musicale, c’est au gré d’un intermède parisien qu’il enregistra l’album « Batuki », qui resta inédit jusqu’à 2013 et dont est extrait le morceau du jour. Point de samba-rock ici, « O Adeus, Segundo Maria » affiche des sonorités plus traditionnelles : loin de son pays, on imagine bien l’enfant de Pirapora en pleine crise de saudade en pensant à son Minas Gerais natal dans la grisaille parisienne. L’écoute de ce morceau nous évoque la quiétude d’une fin de journée dans la moiteur tropicale de cette région reculée, le regard posé sur son horizon de collines dont le vert intense laisse entrevoir ici et là des percées de terre rouge.