Après de longs mois de disette, la présaison NBA commence aujourd’hui et la saison régulière dans seulement 17 petits jours, une nouvelle saison qui amènera son lot de satisfactions, de surprises et de déceptions. Avant ce coup d’envoi tant attendu, posons les 15 questions (plus ou moins) essentielles de ce début de saison, l’occasion de faire un tour d’horizon des transferts, rumeurs et anecdotes qui ont rythmé ces derniers mois et animeront les prochains.

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1/ Les Warriors auront-ils encore la motivation ?

Quel challenge reste-t-il à ce groupe dynastique qui écrase la ligue depuis 2014 (80,8% de victoires en saison régulière, 75,9% de victoires en playoffs, 4 finales, 3 titres de champions) ? En mars-avril dernier, alors que l’issue de leur saison régulière était déjà connue, on les avait sentis aussi indifférents qu’un surdoué en primaire. Simple manifestation d’un ennui profond, ou signe précurseur du burnout d’une équipe qui a disputé 411 matchs en 4 ans ? Sachant que l’été a vu leur principal adversaire à l’Est (Cleveland) démantelé et leur principal rival à l’Ouest (Houston) affaibli, qui peut désormais venir les défier et les forcer à retrouver leur esprit de compétition ?

Ce mélange de fatigue physique et mentale associé à l’absence d’adversaires à sa mesure constitue le principal risque pour une équipe à la domination historique. Qui mieux  que Steve Kerr pour comprendre une telle situation, lui qui connut une équipe de Chicago à bout de souffle et à court de motivation à la fin du 2e three-peat des Bulls ? Coach Kerr s’emploie à éviter tout parallèle entre ces 2 équipes et ces 2 époques, mais il faudra plus que ses paroles, si justes soient-elles, pour garder la motivation des Dubs intacte.

 

2/ DeMarcus Cousins peut-il faire imploser les Warriors ?

Quand on possède déjà tout, comment laisser passer l’opportunité de posséder encore plus ? L’occasion était trop belle pour ne pas être saisie : début juillet, les Warriors ont signé au rabais (1 an, 5,3 millions $) le doué et caractériel pivot DeMarcus Cousins. Sur le papier, Golden State pourrait aligner cette saison un effrayant 5 majeur composé uniquement de All-Stars une fois Boogie définitivement remis de sa blessure au tendon d’Achille.

Mais au-delà de la question du niveau de Cousins à son retour (ce type de blessure a dérobé l’explosivité de nombreux joueurs et elle est particulièrement sensible pour les big men), c’est l’intégration au groupe d’un tel ego à tendance autodestructrice qui intrigue et fascine. La santé d’une équipe est un équilibre instable qui demande une attention de tous les instants et de multiples corrections de trajectoires : introduire un tel caractère dans une mécanique bien huilée peut contribuer à la dérégler.
La franchise compte sur la force d’un groupe qui adhère au collectif et sait laisser les egos au vestiaire pour intégrer le pivot sans faire de vagues. Certains feront remarquer que la présence de Draymond Green, pas vraiment un enfant de chœur, n’a pas empêché les Warriors de remporter 3 titres. Mais d’autres rappelleront que la suspension de ce même Draymond Green pour un geste d’humeur lors des finales 2016 joua un rôle déterminant dans la défaite de Golden State cette année-là.

Pour le moment, Boogie semble s’intégrer sans souci : il confie déjà être fan de Klay Thompson (mais honnêtement, comment ne pas l’être ?), et Draymond Green vient jouer les pool boys dans son nouveau chez lui. Mais combien de temps avant que cet éternel bougon n’explose et n’envoie tout bouler ? A court terme, cela paraît peu probable tant qu’il n’est pas rétabli. Si aucune date précise de son retour sur les parquets n’est avancée pour le moment, il sera intéressant d’examiner à nouveau cette situation à ce stade. Au final, le risque semble minime pour Golden State mais il existe, et cela contribue à mettre un peu de piment dans une saison qui en a bien besoin.

 

3/ Qui va prendre le lead à l’Est ?

Le grand requin blanc qui terrorisait l’Est depuis 2003 nageant désormais dans les eaux du Pacifique, la place au sommet de la chaîne alimentaire de la conférence est à pourvoir. Quelle équipe ne comptant pas King James dans ses rangs accédera aux finales NBA pour la première fois depuis les Celtics en 2010 ? 3 prétendants sortent du lot.

A priori, Boston semble avoir une longueur d’avance sur ses poursuivants. Vice-champions de la conférence la saison dernière malgré l’absence de leurs recrues phares Kyrie Irving et Gordon Hayward, les Celtics reviennent cette fois au grand complet. L’absence de ces 2 leaders a permis à Terry Rozier de prendre la confiance à la mène. Elle a aussi amené Jayson Tatum et Jaylen Brown à engranger les minutes et étoffer leur jeu, montrant au passage une remarquable maturité chez de si jeunes joueurs. Résultat, avec un Hayward signé à prix d’or et auquel la place de titulaire paraît de ce fait promise, les Celtics auraient presque trop de talent aux ailes. Il faudra trouver des minutes pour tout le monde afin de contenter les recrues prestigieuses tout en poursuivant le développement des jeunes pousses, mais on parie que Brad Stevens saura mettre en place une rotation équitable. Avec ses gabarits longilignes et explosifs, Boston a clairement l’équipe pour jouer les premiers rôles, et ce n’est pas passé inaperçu du côté de la Bay Area.

Philadelphie a montré son talent et ses limites en playoffs. Prometteurs mais encore un peu verts, les Sixers de Joel Embiid et Ben Simmons n’ont pas réussi à recruter une superstar cet été et ils ont même perdu leur GM Bryan Colangelo pour une sombre histoire de fuites internes via des comptes Twitter anonymes qui furent ensuite attribués à sa femme. Pour espérer concurrencer Boston cette saison, il leur faudra au moins un Simmons en net progrès au shoot (ça ne paraît pas gagné), et un Markelle Fultz en net progrès tout court.

Toronto complète le podium, avec un potentiel plus difficile à cerner. Après avoir misé sur la continuité pour les mener au sommet de la conférence, les Raptors ont fait 2 paris risqués pour changer radicalement la dynamique de ce groupe qui avait atteint sa limite : après 7 ans à la tête de l’équipe, les Raps ont licencié Dwane Casey 2 jours à peine après que celui-ci fut nommé Coach Of The Year. Enfin, Toronto a commis l’impensable en brisant la bromance Kyle Lowry-DeMar DeRozan, transférant sans ménagement son joueur emblématique à San Antonio en échange d’un Kawhi Leonard devenu persona non grata chez les texans. Un choix particulièrement audacieux de la part des Raptors quand on sait que Leonard souhaitait être transféré chez les Lakers et qu’il n’a offert aucune garantie de resigner avec Toronto lorsqu’il deviendra free agent l’été prochain. Ce transfert pourrait n’être qu’une simple location de Leonard pour 1 an, sans aucun retour si celui-ci met les voiles vers L.A. ou ailleurs. Mais à bien y réfléchir, la prise de risque est calculée : Leonard peut être séduit par Toronto en cours de saison et décider de rester et même s’il part, les Raptors lanceront les grandes manœuvres pour remodeler un roster qui devait de toute façon l’être tôt ou tard. Avec ce choix, Toronto se donne au moins une réelle chance réelle d’atteindre la finale cette année. Mais tout cela dépend de l’état de santé de Kawhi Leonard et de son intégration au groupe… On ne sait pas ce que la saison réserve aux Raptors mais au moins, on sait qu’ils vont désormais pouvoir dormir sur leurs deux oreilles sans que LeBron et ses shoots venus d’ailleurs viennent peupler leurs cauchemars.

Derrière ce trio de tête, quelques outsiders plus ou moins sérieux. Les Pacers de Victor Oladipo sont les plus crédibles pour venir bouleverser l’ordre établi : ils ont montré du caractère et de la ténacité face à Cleveland lors des playoffs et ont réalisé une très belle intersaison en attirant dans leurs filets le très convoité Tyreke Evans. Malgré tout, cela risque de ne pas suffire pour combler la distance qui les sépare des favoris. Ensuite, Milwaukee pourra compter sur un Giannis ultra motivé et on sent bien Khris Middleton passer un cap cette année mais idem, ce sera probablement trop juste pour jouer les premiers rôles. Enfin, les Wizards doivent théoriquement être mentionnés parmi ces outsiders, mais malgré leur duo d’arrières Wall-Beal et la venue du toujours statistiquement solide Dwight Howard, on peine à croire à une confirmation de cette équipe qui a souvent déçu.

 

4/ LeBron saura-t-il faire preuve de patience ?

Ces derniers mois, l’arrivée de LeBron chez les Lakers était devenue un secret de polichinelle et quand on voit comment le bougre porte à merveille l’uniforme pourpre et or, on se dit que c’était écrit d’avance. Dans une conférence Ouest notoirement relevée, l’arrivée du meilleur joueur de la ligue suffit à rendre les Lakers compétitifs mais de là à dire qu’elle leur permet de se hisser automatiquement au niveau des Warriors ou des Rockets, c’est une autre histoire.

Le roster des Lakers comptait déjà des jeunes prometteurs (Ingram, Ball, Kuzma, Hart) qui devront poursuivre leur croissance avant d’être prêts pour le plus haut niveau. Mais ce qui intrigue d’autant plus sur le réel potentiel de ces Lakers, ce sont les mouvements qui ont suivi l’annonce de l’arrivée de King James. En effet, Magic Johnson et le GM Rob Pelinka ont signé Rajon Rondo, Lance Stephenson, Javale McGee et Michael Beasley, arguant de l’envie d’entourer leur star de playmakers capables de le décharger d’une partie du fardeau de création du jeu. Il en résulte un roster aux allures schizophrènes qui nous évoque Stranger Things et ses deux mondes parallèles.

Si l’on imagine bien l’ancien meneur des Celtics apporter son intelligence de jeu en même temps que son caractère, les signatures de Stephenson, McGee et Beasley ont de quoi surprendre. LeBron a peut-être laissé derrière lui JR Smith et ses bourdes coûteuses, mais il récupère en échange cette truculente triplette pas franchement réputée pour sa fiabilité. L’un tentant de déstabiliser son futur coéquipier par tous les moyens possibles (même les plus stupides), l’autre longtemps abonné à « Shaqtin’ A Fool », le dernier qui donne des interviews hallucinatoires…  Si LeBron arrive à cadrer et rendre productifs ces 3 joueurs au talent certain mais aux dispositions discutables, il aura définitivement mérité son diplôme de manager de l’année.

Ces signatures permettent de comprendre la stratégie de la franchise pour renouer avec la victoire : les Lakers ont opté pour des deals ne durant qu’1 an afin de meubler leur roster cette année et conserver une flexibilité salariale totale pour proposer un contrat maximum à une deuxième star (Kawhi ?) l’été prochain. C’est le choix stratégique juste à long terme, mais à court terme, il y a quand même une saison à jouer avec ce roster, disons, étonnant… LeBron a validé ces choix et semble positif dans ses interventions médiatiques, mais combien de temps le restera-t-il si les résultats ne sont pas au rendez-vous ? Après 8 finales NBA consécutives, il va devoir se préparer à la fin de cette série, sauf miracle.

 

5/ Que vont devenir les Cavs ?

Pour la faire courte, une équipe passable. Si on développe un peu, le destin des champions 2016 et quadruples finalistes sera celui d’un qualifié en playoffs en queue de peloton ou d’une lottery team selon que les facteurs suivants tourneront ou non à leur avantage :

– Kevin Love peut-il redevenir une première option offensive aussi efficace qu’à l’époque de Minnesota ? Cleveland a réussi à conserver au moins une de ses stars et lui a offert une juteuse prolongation de contrat cet été (4 ans, 120 millions $). Comme Chris Bosh et d’autres avant lui, l’ailier fort a dû faire des concessions pour coexister aux côtés de LeBron, mais il est désormais le leader de l’équipe et retrouve toute latitude pour agir : la teneur de son apport dictera en grande partie la fortune des Cavs cette saison. Peut-il réitérer l’incroyable niveau de performance (26,1 pts/match, 12,5 rbds/match, 4,4 pds/match) de sa dernière saison à Minneapolis il y a 4 ans ? Les capacités athlétiques et la mobilité n’ont jamais été ses points forts et avec les kilomètres accumulés ces 4 dernières années, on peut se demander si Love a encore la fraîcheur pour renouveler ce type de performance à chaque match. Toujours est-il qu’il touchera énormément de ballons, ce qui devrait faire le bonheur des amateurs de fantasy league qui l’auront sélectionné dans leur équipe.

– Coach Lue peut-il réorganiser son système offensif autour de Love ? Tyronn Lue et son staff vont devoir créer tout un ensemble de schémas offensifs adapté aux qualités de leur meilleur joueur : ce dernier peut jouer au poste bas comme shooter à 3 points, et c’est un très bon passeur pour un ailier fort. Lue devrait logiquement lancer les phases offensives avec Love dans le rôle de point d’ancrage assurant la distribution du jeu depuis la tête de raquette. Mais dans un contexte où les big men traditionnels sont en voie d’extinction, il n’est pas certain que ce système permette de lutter à armes égales avec le reste de la ligue.

– quel impact aura le rookie Collin Sexton ? Sélectionné en huitième position grâce au choix de draft donné par Boston en contrepartie du transfert de Kyrie Irving, le meneur rookie issu de l’université d’Alabama aura l’occasion de faire ses armes. Partageant la mène avec le vétéran George Hill, Sexton disposera du temps de jeu nécessaire pour progresser. S’il peut avoir un impact positif dès sa première année, c’est un gain net pour les Cavs.

– qui va défendre dans cette équipe ? C’est un souci récurrent de cette équipe depuis 4 ans et il n’a pas disparu avec le départ de King James. Love n’est pas réputé pour ses qualités défensives, Thompson apporte autant en défense qu’il handicape en attaque, Hill commence à peiner physiquement, JR Smith n’est pas toujours attentif (doux euphémisme)… Il faudra trouver des solutions pour éviter que le navire prenne l’eau.

La situation de Cleveland n’est pas idéale mais ses perspectives sont définitivement moins sombres que lors du premier départ de LeBron il y a 8 ans. Dans le pire des cas, les Cavs poursuivront la reconstruction et le rajeunissement amorcés avec les transferts de février dernier. Et si on veut vraiment positiver, on peut rappeler que oui, tant qu’ils n’ont pas été défaits par l’un de leurs concurrents, les Cavaliers sont techniquement l’équipe à battre à l’Est.

 

6/ Où en est Kawhi Leonard ?

La surprise de la saison dernière. Un simple désaccord sur le diagnostic d’une blessure entre le staff médical des Spurs et l’entourage de Kawhi Leonard a fait boule de neige et pris des proportions inédites pour la franchise texane, avec une crise très publique et un déballage de linge sale largement relayé dans la presse. L’intéressé étant moins bavard qu’une Dictée Magique, c’est son agent et néanmoins oncle Dennis Robertson qui a largement assuré l’interface avec les Spurs, avec comme intention cachée un transfert de son neveu chez les Lakers. C’est finalement à Toronto, aussi loin que possible de L.A. (un pied de nez des Spurs ?) que Leonard a posé ses valises pour sa dernière année de contrat.

Depuis ce divorce aussi public qu’acrimonieux, Kawhi Leonard s’emploie à restaurer son image jusqu’ici positive. Il y eut d’abord cette lettre de remerciements aux fans des Spurs et à ses anciens coéquipiers. Et lors du media day des Raptors cette semaine, il nous semble l’avoir plus entendu parler que depuis le début de sa carrière NBA. Il a même émis un son qui tient plus du grincement de porte au début de « Thriller » ou du démarrage manuel d’une tondeuse grippée que du rire humain.

Tout cela est bien beau, mais cette opération séduction ne répond pas à une question essentielle : comment va Kawhi Leonard ? Personne ne sait s’il est totalement remis de sa blessure au quadriceps droit. De plus, cela fait bien longtemps qu’on ne l’a vu fouler un parquet : aura-t-il besoin de temps pour se réadapter au féroce niveau de compétition de la NBA ? Si tous les voyants sont au vert, Toronto aura mis la main sur une superstar dont l’immense impact se fait sentir aux 2 extrémités du parquet, et qui par sa simple présence transfigure le potentiel de cette équipe. Sinon, la saison des Raptors et la suite de carrière de Leonard seront plus incertaines.

 

7/ Est-ce la fin du cycle de compétitivité des Spurs ?

La fin d’une ère… Avec le départ de TP à Charlotte et la retraite de Manu Ginobili, le Big 3 qui amena 4 titres aux Spurs entre 2003 et 2014 fait définitivement partie du passé. La franchise familiale du Texas a connu des remous inattendus cette année avec la saga Kawhi qui s’est étalée dans la presse sportive américaine durant des mois. Dans la tempête, l’équipe menée par un LaMarcus Aldridge exemplaire a tenu la baraque, mais cela a à peine suffi aux Spurs pour prolonger leur série en cours de qualifications en playoffs (21 qualifications consécutives).

Compte tenu des circonstances, San Antonio a plutôt bien géré le transfert forcé de sa star Kawhi Leonard en récupérant DeMar DeRozan. L’ancien deuxième arrière des Raptors n’est peut-être pas aussi efficace que Leonard en défense, mais c’est un très bon joueur qui apporte une production offensive fiable. Quand on voit les retours souvent très faibles obtenus lors du transfert d’une star, on se dit que les Spurs s’en sortent bien. Cependant, avec un roster qui a énormément perdu en talent ces dernières années, il faudra toute la discipline et l’abnégation du groupe et toute la magie de Pop pour rester dans la course effrénée aux playoffs. Et à l’heure où la ligue prend exemple sur le modèle d’efficience statistique « 3 points ou lancers-francs » symbolisé par les Rockets de Daryl Morey, un roster construit autour de LaMarcus Aldridge, DeMar DeRozan et Rudy Gay (tous portés sur ce shoot à mi-distance honni des gourous des analytics) est un anachronisme. Dans un Ouest impitoyable, pas sûr que cela suffise…

 

8/ Carmelo Anthony acceptera-t-il de ne pas être titulaire ?

La possibilité de sortir du banc lui avait été suggérée à son arrivée à Oklahoma City l’an dernier, et on se souvient encore de sa réaction. La question était pourtant légitime à l’époque et l’est encore plus aujourd’hui : comme toute star rattrapée par le poids des ans, Carmelo Anthony n’échappe pas au décalage croissant entre son ego (inchangé) et sa production sur le terrain (en baisse constante). C’est désormais aux Rockets qu’il advient de résoudre ce casse-tête s’ils veulent tirer le meilleur parti des capacités encore importantes de leur nouvel ailier.

Ce recrutement a de quoi surprendre quand on se rappelle du différend qui opposa l’ex star des Knicks à son coach Mike d’Antoni et entraîna le licenciement de ce dernier. Mais de l’eau a coulé sous les ponts depuis et on ne doute pas que les 2 hommes sauront mettre de côté le lourd passif de leurs années communes à New York pour cohabiter à Houston. C’est surtout au niveau du système de jeu que ce recrutement n’est pas idéal. Cet été, les Rockets ont perdu de précieux vétérans comme (le toujours sous-estimé) Trevor Ariza et Luc Mbah A Moute, et ce n’est pas Carmelo qui viendra combler le vide défensif laissé par leur départ. Et en attaque, le style de jeu de Melo (qui joue en isolation, immobilise la balle pendant de longues secondes et n’a pas une grande réussite au shoot à 3 points) va à l’encontre du système qui a fait le succès des Rockets ces dernières années. Pour toutes ces raisons, il n’est pas certain qu’Anthony s’intègre avec succès à Houston. Nuançons tout de même ce point de vue en rappelant qu’à la même époque l’an dernier, on pronostiquait une intégration difficile de Chris Paul chez les Rockets et qu’Harden et lui furent suffisamment malins pour déjouer les prévisions les plus pessimistes.

Anthony pourrait donc se retrouver à jouer les sixièmes hommes de luxe afin de laisser la place de titulaire à Eric Gordon, meilleur défenseur et shooteur à 3 points, une possibilité récemment avancée par Coach d’Antoni. Même s’il a paru ouvert à l’idée dans ses déclarations le mois dernier, on attend de voir si Carmelo acceptera ce nouveau rôle logique par rapport au système des Rockets sans le vivre comme une rétrogradation. Gare au risque de mécontentement qui pourrait bouleverser la dynamique positive des vice-champions de la conférence Ouest.

 

9/ Faut-il s’inquiéter pour Russell Westbrook et le Thunder ?

Après une intersaison réussie avec le départ d’un Melo qui ne collait pas au système, la  surprenante prolongation de contrat de Paul George et les arrivées de Dennis Schröder et Nerlens Noel pour étoffer leur banc, le Thunder se préparait à une belle saison. L’annonce d’une énième opération de Russell Westbrook au genou droit et de son indisponibilité pour plusieurs semaines a fait voler en éclats cette belle confiance. Depuis qu’il fut blessé par Patrick Beverley au premier tour des playoffs 2013, c’est la quatrième opération au genou droit subie par Westbrook en 5 ans. Pour un joueur au style de jeu aussi explosif, ce genre de blessure à répétition n’est jamais de bon augure. Le spectre d’une superbe carrière ruinée par les blessures hante les esprits, souhaitons-lui de ne pas devenir un colosse aux genoux d’argile. Avec ces nouvelles inquiétantes, on se demande si Paul George regrette d’avoir prolongé cet été au lieu de partir rejoindre LeBron aux Lakers…

 

10/ Les Wolves vont-ils réussir à mettre de l’ordre dans leur maison ?

Leur vétéran star Jimmy Butler qui critique le niveau de motivation de ses jeunes coéquipiers et demande un transfert, Thibodeau qui ne recrute que ses anciens joueurs de Chicago même s’ils sont plus proches de l’EHPAD que des parquets, Andrew Wiggins et Stephen Jackson qui s’écharpent par posts Instagram interposés… C’est officiellement la chienlit à Minneapolis.

Après s’être qualifiés pour les playoffs pour la première fois depuis 14 ans, on pensait pourtant les Wolves sur de bons rails : monumentale erreur… Au centre de ces différents points de friction, Tom Thibodeau. Le GM-coach était arrivé avec un projet ambitieux pour la franchise du Minnesota mais les difficultés rencontrées depuis sont autant d’arguments attestant de l’incompatibilité de la double casquette coach/general manager. Thibs a le pouvoir de résoudre ces problèmes en transférant le convoité Butler (ce qu’il semble refuser pour le moment, mais cela pourrait être une simple posture de négociation pour faire monter les enchères), en ouvrant ses chakras pour s’autoriser à signer des joueurs n’ayant pas été sous ses ordres à Chicago, et en recadrant sérieusement un Wiggins qui peine à atteindre son plein potentiel. S’il parvient à réaliser cela, les Wolves poursuivront leur progression sous sa houlette, sinon l’expérience Thibodeau à Minneapolis prendra fin prématurément.

 

11/ Blake Griffin est-il encore une star ?

A la recherche d’un grand nom qui ferait franchir un palier à son équipe et aiderait à remplir les sièges de la Little Caesars Arena, le GM-coach des Pistons Stan Van Gundy avait sauté sur l’occasion de faire venir le power forward des Clippers à Motor Town en janvier dernier. Depuis, SVG a été renvoyé (la fameuse malédiction de la double casquette) sans que la venue de Blake Griffin ait l’impact escompté sur le terrain pour le moment.

Griffin a-t-il encore le moteur pour aider les Pistons à redevenir une équipe qui compte et rehausser son profil personnel par la même occasion ? Dans une conférence Est moins relevée que sa contrepartie occidentale, le power forward a l’opportunité de se refaire la cerise s’il arrive à rester sur les parquets. Souvent blessé depuis le début de sa carrière, il a adopté un style de jeu moins aérien pour privilégier sa durabilité. Quand on regarde la situation récente d’un joueur explosif comme Russell Westbrook, on se dit qu’il n’a pas tort. Outre sa santé, la priorité de Griffin sera très certainement de développer une meilleure entente avec son partenaire de frontcourt Andre Drummond : l’association potentiellement dévastatrice de ce duo n’a pas encore porté ses fruits, probablement par manque de temps pour développer des automatismes. Avec un training camp et une préparation dignes de ce nom cette saison, toutes les chances sont de leur côté.

 

12/ Luka Doncic va-t-il s’imposer immédiatement ?

Plus jeune MVP de l’histoire de l’Euroleague à 19 ans, le jeune slovène débarque en NBA avec la réputation de meilleur prospect international de tous les temps. Pourtant, son traitement médiatique aux USA fait parfois ressortir les vieux préjugés dépassés des américains envers les joueurs internationaux (trop lents, mauvais défenseurs, trop soft). Son jeune âge n’a pas empêché Doncic de s’imposer au plus haut niveau en Europe malgré la pression, et même si une phase d’adaptation lui sera nécessaire à son arrivée en NBA, celle-ci ne devrait pas être très longue. Quand le futur Hall Of Famer Dirk Nowitzki dit que vous êtes meilleur que lui au même âge, on doute que ce soit uniquement de la hype. Doncic avait été drafté par les Hawks en troisième position mais échangé pour Trae Young : Atlanta est peut-être passé à côté d’un franchise player…

 

13/ Les Hawks gagneront-ils plus de 15 matchs cette année ?

Qu’elle paraît loin, l’équipe au jeu léché coachée par Mike Budenholzer qui envoya 4 de ses membres au All-Star Game 2015… Mais bon, des tronçonnages répétés en playoffs par LeBron et sa cour ont souvent cet effet. Ces défaites ont révélé le potentiel plafonné de ce roster et précipité sa chute. Les Hawks se sont depuis lancés dans un reboot et quand on voit leur roster aujourd’hui, on peut dire qu’ils n’y sont pas allés de main morte : quand vos 3 meilleures options offensives s’appellent Jeremy Lin, Kent Bazemore et Taurean Prince, il y a de quoi avoir le cafard. Il paraît qu’ils ont recruté Vince Carter aussi, malheureusement ce n’est pas la version 2000-2001… Bref, sauf confirmation précoce de leur rookie artificier Trae Young, la saison s’annonce bien longue, et ce ne sont pas les Hawks eux-mêmes qui diront le contraire.

 

14/ Est-ce le dernier rodéo du duo Lillard-McCollum ?

A l’image du binôme Lowry-DeRozan à l’Est, Damian Lillard et C.J. McCollum performent en saison régulière mais ont montré leurs limites en playoffs. Surprenants troisièmes de la conférence Ouest la saison dernière, les Blazers ont été sweepés comme des malpropres par les Pelicans du tout-puissant Anthony Davis en avril. Si la production offensive du duo au cours de cette série n’est pas à mettre en défaut, on ne peut pas en dire autant de leur défense. Cette défaite peut aussi s’expliquer par un matchup défavorable face à des Pels parfaitement équipés pour les contrer et par un manque de soutien autour des 2 arrières vedettes de Portland. Quoi qu’il en soit, le roster des Blazers tel qu’il est actuellement construit semble plafonner quand arrive la post-saison.

Cela fait seulement 3 ans que l’équipe est menée par le duo Lillard-McCollum, qui avait aidé les Blazers à rester à flot malgré le départ de LaMarcus Aldridge. Il est encore trop tôt pour démanteler le roster mais en l’absence de résultats probants cette année, les dirigeants de Portland se poseront sérieusement la question l’été prochain.

 

15/ Combien de temps avant que Dwight Howard ne se mette à dos tout le vestiaire des Wizards ?

Nouvelle saison et nouvelle équipe pour Dwight Howard, la quatrième en 4 ans… On pourrait même dire que Washington est la cinquième franchise du pivot sur cette période, puisqu’avant de signer dans le club de la capitale, les Charlotte Hornets l’avaient transféré aux Brooklyn Nets, ces derniers négociant immédiatement un rachat du reste de son contrat pour lui permettre de s’engager avec les Wizards dans la foulée. Bonjour l’accueil…

Pourquoi de telles transhumances alors que sur le papier, le géant est toujours productif (16,6 pts/match, 12,5 rbds/match) ? Ces multiples déménagements s’expliquent par l’antipathie constante qu’a suscité chez ses coéquipiers le comportement d’Howard à chacune des étapes de sa carrière, une inimitié telle que certains joueurs des Hawks auraient poussé des cris de joie à l’annonce de son transfert loin d’Atlanta il y a 1 an. Aux dires de tous, le géant n’est pourtant pas un méchant mais il a tendance à agacer en voulant être traité comme un leader sans en assumer les responsabilités. Et surtout, il est bizarre…

Cette fois, le mal-aimé de la NBA débarque dans une équipe qui ne l’avait pas attendu pour s’embrouiller dans les grandes largeurs. Avec des caractères soupe au lait comme John Wall et Bradley Beal en face, même si les Wizards sont décevants sur le terrain, il va y avoir du spectacle dans les vestiaires…

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