Pour éviter tout malentendu, une précision à destination des jeunes lecteurs sur notre publication du jour : les Supremes n’ont aucun rapport, de près ou de loin, avec la marque de streetwear tant prisée de la jeune génération qui a amené l’inénarrable JR Smith à faire un choix de vie douteux. Il est bien question ici du trio féminin qui fut l’un des piliers de la toute-puissante maison Motown.

Bien qu’elles aient écrit quelques-unes des plus belles pages de la soul jusque-là, les Supremes n’en traversent pas moins une zone de fortes turbulences en cette fin des années 60. Après moult singles à succès, le groupe peine à plaire dans une époque où leur pop-soul proprette cadre mal avec la contre-culture ambiante. La faute en revient principalement à la perte de ses talentueux compositeurs Holland-Dozier-Holland, qui claquent la porte de Hitsville U.S.A. début 68 pour un litige au sujet de leurs royalties, et à l’ambition croissante de leur leader Diana Ross, qui s’envole déjà vers une carrière solo annoncée en 69. Pour pallier au départ de l’omniprésente Diana, le boss Berry Gordy recrute la chanteuse Jean Terrell pour rejoindre Mary Wilson et Cindy Birdsong, mais son choix n’est pas vraiment arrêté. Peu de temps après, il tente de remplacer Terrell par Syreeta Wright, la chanteuse et future compagne de Stevie Wonder, mais Mary Wilson s’y oppose. Face à ce refus, le patron de la Motown se désintéresse du sort des Supremes : le groupe est livré à lui-même et ne peut plus compter sur le formidable rouleau compresseur promotionnel d’un label qui assure désormais le minimum syndical pour le trio.

Abandonnées par leurs compositeurs, leur leader et leur label, les Supremes répondent de la seule manière qui soit, en remettant l’ouvrage sur le métier. Elles sortent 3 albums en 1970, dont ce « New Ways But Love Stays » produit par Frank Wilson et son hit « Stoned Love » qui les ramène au sommet des charts. Extrait de ce même album, « It’s Time To Break Down » est une ballade soul classieuse qui n’a rien à envier aux plus belles productions de l’âge d’or du label. Mention spéciale à cette fantastique intro comme on n’en fait plus, et qui fut samplée par Gang Starr pour « JFK 2 LAX ».

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