Producteur, directeur artistique pour Capitol Records, arrangeur et ingénieur du son, David Axelrod marque de son empreinte discrète les enregistrements de Cannonball Adderley, The Electric Prunes, Lou Rawls et bien d’autres au cours des années 60. Mais à l’image d’Arthur Verocai dans notre post de mardi dernier, ce second rôle ne sied bientôt plus à ses envies croissantes d’expérimentations sonores, lui qui est inspiré par la musique classique, le rhythm & blues, les thèmes spirituels et le psychédélisme ambiant. C’est en 1968 qu’Axelrod sort de l’ombre avec « Song Of Innocence », concept album inspiré par les « Chants d’Innocence » de William Blake, imprimés et illustrés par le poète anglais lui-même en 1789. A l’image des compositeurs de musique savante du 19e siècle, Axelrod met en musique 7 des poèmes de Blake, avec des compositions jazz fusion tirant sur le classique comme le psychédélisme. Enregistré dans les mythiques Capitol Studios avec l’aide du tout-puissant Wrecking Crew (Don Randi au piano, Al Casey à la guitare, Carol Kaye à la basse, Earl Palmer à la batterie), « Song Of Innocence » est un projet follement ambitieux qui peine à être compris à l’époque. Dans les années 90, ce concept album deviendra le disque de chevet de nombreux producteurs hip hop et électro (parmi lesquels DJ Shadow et Pete Rock) et, via leur sampling intensif, trouvera un second souffle.

« Holy Thursday », notre morceau du jour, est une composition jazz fusion orchestrale à la fois intime et épique, alternant entre piano introspectif et envolées lyriques de cuivres et de cordes. Un moment de calme et d’apaisement bienvenu en cette période de fêtes, que l’on vous souhaite excellentes par ailleurs.

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