Entre le public de la France métropolitaine et la musique des Antilles Françaises, c’est l’histoire d’une incompréhension. Ignorés ou pis, pris de haut, les sons d’outre-mer sont souvent confinés à un folklore exotique dans l’esprit des mélomanes de la métropole, qui n’imaginent pas leur reconnaître la même noblesse que le répertoire de l’hexagone. Il arrive que l’intervention de quelque passeur érudit avec un pied de chaque côté de l’océan ramène momentanément les projecteurs sur les Caraïbes, trop rarement toutefois pour combler ce déficit de reconnaissance sur le Vieux Continent. La Perfecta fait partie de ces porte-étendards d’une musique française déclinée sous des latitudes tropicales. La mythique formation martiniquaise connut ses plus belles heures au tournant des années 80, avec notamment son tubesque « La Divinité », mais ses prouesses restèrent largement confidentielles en métropole. Un bien triste constat quand on prend le temps de se pencher sur ses compositions aussi élaborées qu’entraînantes, ce subtil équilibre…

Sorti en 1978, « A Youskous Pas Fè Fou » est un morceau de kadans en trompe-l’œil : derrière ce groove imparable et ces cuivres rutilants dignes d’Earth Wind & Fire, des paroles qui déplorent l’absence de perspectives économiques dans le cadre idyllique de leur île (« ti commerçants fèmé boutique, ti artisans à la faillite, situation critique / la Martinique pays magique, pa ni travail pou téni fric, vive la vie aux tropiques »). Un thème on ne peut plus éloigné du doudouisme, et toujours d’actualité 40 plus tard.

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