Quiconque a eu le bonheur d’arpenter les rues de la cidade maravilhosa sait qu’à Rio, il n’est affaire plus sérieuse que le carnaval. Soutenir une école de samba carioca plutôt qu’une autre est un choix pour la vie ; changer d’allégeance en cours de route serait aussi incompréhensible et révoltant qu’un supporter du PSG qui deviendrait ultra de l’OM.
En prévision du carnaval qui aura lieu ce week-end, plongez-vous dans l’ambiance en (re)découvrant quelques morceaux rendant hommage à 3 des plus célèbres écoles de samba de Rio, membres historiques du Grupo Especial qui défileront au Sambódromo dimanche et lundi. Ces morceaux ne sont pas des sambas-enredo (sous-genre regroupant les sambas créées spécialement pour et chantées pendant le défilé de l’école au Sambódromo), mais des chansons inspirées par les écoles de cœur des artistes en question.
Vamos dançar na avenida !
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Jorge Ben – « Lá Vem Salgueiro »
Soutien de Salgueiro, école de samba de Tijuca dans le nord de la ville, Jorge Ben dédie ce morceau à son école de cœur. Sur des harmonies douces-amères, il prédit que même si Salgueiro ne gagne pas cette année, il pleurera cette défaite mais sera là l’an prochain pour danser à nouveau dans les rues de Rio.
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Nelson Cavaquinho – « Rei Vagabundo / A Mangueira Me Chama / Sempre Mangueira »
Championne en titre (18e victoire l’an dernier, avec un enredo à la gloire de Maria Bethânia), Mangueira est une des écoles les plus anciennes et les plus prestigieuses de Rio. La liste de ses soutiens est un who’s who de la musique brésilienne : Cartola (l’un de ses fondateurs), Tom Jobim, Chico Buarque, Caetano Veloso, Maria Bethânia, Gal Costa, Beth Carvalho, Emilio Santiago, Milton Nascimento… Quoi de mieux que l’un de ses membres historiques, Nelson Cavaquinho, pour la représenter ici ? Ce medley est extrait de « Fala Mangueira! », un album à la gloire de l’école de samba fondée par Cartola.
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Clara Nunes – « Portela Na Avenida »
L’une des écoles historiques de Rio, Portela compte parmi ses soutiens Gilberto Gil, Paulinho Da Viola, Carlinhos Brown ou encore Paulinho Da Costa. Mais celle qui porta au plus haut les couleurs blanc-azur de l’école de Madureira est sans conteste la flamboyante Clara Nunes. Mariée à Paulo César Pinheiro, l’un des plus grands paroliers du Brésil, elle demande à ce dernier de lui écrire une samba à la gloire de Portela qui surpasserait le mythique « Foi Um Rio Que Passou Em Minha Vida » de Paulinho Da Viola. La tâche n’est pas aisée, d’autant que Pinheiro est un supporter de Mangueira, et il imagine mal réussir seul là où de nombreux musiciens Portelenses ont échoué. Pinheiro s’associe donc au compositeur Mauro Duarte, qui présente l’avantage de soutenir Portela, et Duarte revient quelques jours plus tard avec la trame musicale d’une samba entraînante. Mais pour les paroles, Pinheiro coince toujours. C’est quand son regard se fixe par hasard sur une reproduction de Nossa Senhora Aparecida que l’étincelle se produit : la Sainte patronne du Brésil porte un manteau bleu et blanc, les couleurs de Portela. Les paroles de « Portela Na Avenida » jouent à merveille sur ce lien entre le sacré et le profane, et Clara Nunes n’a plus qu’à les interpréter de sa voix chaude et énergique.
Flagrant Soul 