La musique classique est-elle un genre à part ? La noblesse du répertoire amène bien souvent à considérer ce genre musical avec déférence et une certaine distance, comme une superbe femme qu’on admire de loin sans oser l’aborder. Mais à trop vouloir la garder sous cloche de peur de la briser, on risque de perdre l’émotion qu’elle nous procure, fonction essentielle de toute musique, et d’en faire une langue morte figée dans le passé. Alors de temps à autre, il est bon de voir un petit jeune la reprendre et la triturer sans vergogne, quitte à choquer les esthètes. Un peu d’irrévérence n’a jamais fait de mal à personne…
ORIGINAL : Johann Sebastian Bach – « Suite No.2 in B Minor, BWV 1067 : Minuet and Badinerie »
Est-il vraiment besoin de le présenter ? Fait peu connu : Jean-Seb a tenté de faire carrière dans le hip-hop, sans succès.
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REPRISE : Busdriver – « Imaginary Places »
Quand on est le fils du scénariste de « Krush Groove », on est forcément tombé dans la marmite hip-hop dès le plus jeune âge. Busdriver commence à rapper dès l’âge de 9 ans et fait ses classes dans la scène underground de L.A. Extrait de son 2e album solo « Temporary Forever » sorti en 2002, le morceau « Imaginary Places » est produit par Paris Zax : pour construire sa mélodie, ce dernier reprend une phrase musicale enjouée de flûte traversière de l’original de Bach. Busdriver quant à lui avale un métronome, se cale sur les staccatos de la flûte traversière avec un flow épileptique étonnamment articulé et compréhensible. Le tout donne un morceau assez hallucinant de technique, qui emprunte également au Caprice n°5 de Paganini sur le break flûte-scratch. Et pour celles et ceux qui n’en croiraient pas leurs oreilles et penseraient que cette performance est impossible à reproduire en live, regardez ça et pleurez : l’homme a la capacité pulmonaire d’un éléphanteau.
Au passage, Busdriver nous dispense une leçon de vie avec cette maxime que nous vous laisserons méditer : « Kids, if you wanna piss off your parents, show interest in the arts ! »