Selon Démocrite, « tout ce qui existe dans l’univers est le fruit du hasard et de la nécessité ». Le hasard, qui fait qu’un des groupes les plus influents d’Afrique de l’Ouest des années 70 naît lors d’un camp scout au fin fond de la jungle de Guinée-Bissau. La nécessité, qui pousse 4 enfants (le plus jeune âgé de 6 ans à peine) à improviser un concert pour leurs camarades scouts pour vaincre l’ennui. Le succès est tel que la nouvelle se répand comme une traînée de poudre, et les 4 larrons se produisent bientôt dans les mariages et les fêtes de la capitale Bissau.
En intégrant Mama Djombo à son patronyme, le groupe rend hommage à cette déesse locale adorée par les combattants indépendantistes et lie ainsi son destin à celui de la lutte pour l’indépendance de la Guinée-Bissau. Depuis 1956, le Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (P.A.I.G.C.) et son leader Amilcar Cabral agitent ces colonies portugaises de soubresauts indépendantistes croissants, pour finalement atteindre leur but en 73. Dès lors, Super Mama Djombo se produit régulièrement lors des meetings du président Luis Cabral, retransmis à la radio et offrant ainsi au groupe un rayonnement sur toute l’Afrique de l’Ouest. Leurs pérégrinations les amènent même à jouer devant Fidel Castro au cours du Festival mondial de la jeunesse et des étudiants de La Havane en 1978, auquel assiste le Líder Máximo. Le groupe se rend à Lisbonne en 1980 pour une session d’enregistrement de 6 heures, offrant une nouvelle vie à un répertoire que le peuple de Guinée-Bissau connaît par cœur. Mais 1980 marque aussi la prise de pouvoir de Vieira en Guinée-Bissau. Ne jouissant pas des faveurs du nouveau régime, Super Mama Djombo sombre peu à peu dans l’anonymat avant de se séparer en 1986. Le groupe s’est depuis relancé avec une formation quelque peu remaniée, avec même quelques dates en France ces dernières années.
Le morceau du jour (également titré « Sûr Di Nô Pubis » sur « Na Cambança », 1er album du groupe sorti en 1978) est un des standards du groupe et fut récemment remis au goût du jour grâce à son inclusion dans la superbe B.O. de l’adaptation de la BD « Aya De Yopougon » en film. On y retrouve une évocation des racines créoles de la musique guinéenne, et ses échos des Antilles et du Cap Vert.