Le 13 août est, paraît-il, la journée internationale des gauchers (le 12 étant à la fois la journée internationale de la jeunesse et celle des éléphants, pour votre information). Question essentielle liée au thème du jour : peut-on devenir gaucher par ennui ?

En ce 14 février 1986, les Boston Celtics sont au sommet de leur art. Bien décidée à prendre sa revanche après la finale perdue contre les Lakers l’année précédente, la génération dorée des Celtics met la ligue à feu et à sang depuis le début de la saison avec la mansuétude d’Attila : au moment d’affronter Portland ce soir-là, les Celtics ont remporté 14 de leurs 15 dernières rencontres malgré l’absence de leur ailier fort All-Star Kevin McHale depuis 9 rencontres. Boston finira la saison 85-86 avec un record de 67 victoires et 15 défaites en saison régulière et un nouveau titre de champion, lui assurant une place de choix dans tout débat sur les meilleures équipes de tous les temps.

Toute talentueuse qu’elle soit, cette équipe compte un seul leader, et il est incontestable : Larry Bird. L’ailier de Boston se partage la domination de la ligue avec Magic Johnson depuis le début des années 80 et hormis le brillant meneur des Lakers, le plouc de French Lick n’a pas de rival à sa taille. La veille encore contre les Supersonics de Seattle, Bird a ponctué une victoire facile par un triple-double (31 points, 15 rebonds, 11 assists) sans forcer son talent. Alors forcément, Larry Legend s’ennuie. Ferme. A tel point qu’après la victoire contre les Sonics, il annonce à ses coéquipiers et à la presse que lui, le droitier, jouera le match du lendemain contre Portland uniquement avec sa main gauche, au moins lors des trois premiers quart-temps. Une telle déclaration eut été à mettre sur  le compte d’un ego démesuré et d’une arrogance sans bornes si elle était sortie de la bouche de n’importe quel autre joueur. Pour Bird, elle reflète simplement l’état d’esprit d’un compétiteur d’exception à la recherche d’un challenge à sa mesure. Motivation supplémentaire pour lui : les Trail Blazers ont battu Boston dans leur sacrosainte enclave du Boston Garden le 6 décembre, pour ce qui s’avèrera être l’unique défaite des Celtics à domicile cette saison-là.

Sur le parquet du Veterans Memorial Coliseum de Portland, Bird tient parole et s’applique à finir ses tirs (autres que les jump shots) avec la main gauche, enchaînant hook shots, scoop shots et lay ups avec une facilité déconcertante. Au final, Bird marque 10 de ses 21 tirs de la main gauche, soit 20 de ses 47 points avec sa mauvaise main supposée. Il score à la fin du temps réglementaire pour permettre à son équipe d’accrocher la prolongation avant de lui donner la victoire au buzzer en fin de prolongation. Ah oui, et au passage, monsieur enquille un 2e triple-double (47 points, 14 rebonds, 11 assists) en autant de nuits. Tout bonnement écœurant…

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