Mes aïeux… C’est peu dire que cette saison des transferts fut agitée. Avec ces montagnes russes émotionnelles, on en aurait presque tourné de l’œil.

Le calme désormais revenu, c’est l’occasion de faire le point sur les vainqueurs et les perdants de ce jeu de chaises musicales.

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WINNERS : Cleveland Cavaliers
Le coup de maître. D’insistants bruits de couloirs annonçaient depuis plusieurs mois l’arrivée de DeAndre Jordan mais là, on a eu droit à la surprise du chef : peu de temps avant la clôture, le front office des Cavs a conclu en l’espace de quelques heures 3 transferts titanesques et procédé à une totale refonte de son effectif. Exit les blessés, les grincheux, les maladroits au shoot (Isaiah Thomas, Derrick Rose, Dwayne Wade, Jae Crowder, Iman Shumpert) et Channing Frye, Cleveland récupère  de la jeunesse, de la défense, de l’explosivité et de l’adresse à 3 points avec les arrivées de Rodney Hood, George Hill, Larry Nance Jr et Jordan Clarkson. Au final, le roster semble mieux équilibré sur le papier et l’équipe devrait rapidement retrouver une défense qui ne fera plus honte. Pas sûr que ces manœuvres extrêmement audacieuses soient suffisantes pour combler leur retard sur Golden State, mais elles devraient au moins fournir à Cleveland les armes pour repousser les Raptors, voire les Celtics.

 

WINNER : le front office des Cavs
Entre cette lettre au contenu aussi douteux que son choix de police d’écriture et le soap opera de la non-prolongation de David Griffin, on a beaucoup parlé de l’impulsivité du propriétaire Dan Gilbert ces dernières années. Il faut toutefois reconnaître que ses récents choix ont payé. Les fans regrettaient le non-renouvellement du contrat du GM David Griffin l’été dernier, mais entre le transfert de Kyrie Irving et ce tour de force cette semaine, son successeur Koby Altman a clairement démontré de remarquables qualités de dealmaker. Il a aussi montré à King James que la franchise était prête à aller très loin pour le faire rester en lui fournissant une équipe compétitive, et malgré l’absence de visibilité sur l’avenir de LeBron à Cleveland (il a refusé d’annuler sa « no-trade clause » et de donner une garantie de prolonger cet été), les Cavs ont d’ores et déjà entamé leur processus de rajeunissement.

 

LOSERS : Cleveland Cavaliers
Coup de maître pour la réalisation, mais énorme coup de poker en ce qui concerne les effets de ces transferts. Ce qu’a fait Cleveland est l’équivalent d’un joueur qui change 4 cartes sur 5 alors qu’il vient de faire tapis. Mais la carte restante est un roi, et un LeBron omnipotent peut faire prendre la mayonnaise. Cela dit, avec autant de nouvelles têtes et la blessure de Kevin Love, toute l’alchimie de l’équipe reste à construire : c’est un peu comme si les Cavs commençaient un nouveau training camp, sauf qu’ils n’ont que quelques semaines avant le début des playoffs pour trouver la formule. Les optimistes diront que l’équipe n’avait jusqu’ici aucune alchimie, ce qui annihilait tout espoir de réussite en playoffs de toute façon, et ils n’ont pas tort. Cela reste tout de même une prise de risque énorme alors qu’il ne reste qu’une grosse vingtaine de matchs de saison régulière.

 

WINNER : Danny Ainge
Le GM de Boston a encore frappé en signant Greg Monroe, ajoutant un intérieur de qualité à son effectif. Au passage, le rouquin malin se frotte encore les mains d’avoir récupéré Kyrie Irving en échange d’un Isaiah Thomas blessé à la hanche l’été dernier, contribuant durablement à la confusion qui règne chez son principal rival à l’Est. Ci-dessous, une brève reconstitution du transfert, avec Jim Carrey dans le rôle du GM des Celtics.

 

LOSER : Isaiah Thomas
15 petits matchs et puis s’en va. Cruelle désillusion pour le micro-meneur passé du statut de King Of The Fourth à celui de paria en moins d’un an. Son franc-parler n’a pas vraiment contribué à résoudre les problèmes des Cavs dans la sérénité : de ses critiques directes contre Kevin Love (qui les lui a bien rendues) lors de la réunion entre joueurs à ses sorties sur l’absence de motivation de ses coéquipiers en défense ou le manque d’ajustements par le coaching staff, IT a souvent fait grincer des dents durant son court passage dans l’Ohio. Non pas qu’il ait eu tort : ces dysfonctionnements sont pour la plupart réels, mais la critique est mal perçue quand elle vient d’un joueur qui ne produit pas. Freiné par une hanche pas tout à fait remise, en panne d’adresse extérieure et totalement absent en défense (un point noir de son jeu qui s’est amplifié chez les Cavs), Thomas ne jouait plus comme un top player mais parlait comme tel. Cette combinaison ne passe pas, et IT se retrouve maintenant à devoir reconstruire chez les Lakers. Si le physique suit, gageons qu’il reviendra à son niveau, lui qui est habitué à être sous-estimé depuis toujours : ce retour à une position d’outsider devrait réveiller le compétiteur en lui.

 

WINNERS : Houston Rockets
Sans crier gare, les Rockets ont encore étoffé leur banc en récupérant sur le marché des buyouts un Joe Johnson en quête d’une bague de champion. Daryl Morey confessait récemment l’obsession que son équipe avait développé vis-à-vis des Warriors, cette transaction démontre une fois encore sa détermination à ne pas attendre sagement que la génération dorée de Golden State vieillisse pour lui arracher sa couronne. Dans une ligue qui fait le dos rond face à la domination de l’ogre de la Bay Area depuis 3 ans, cette attitude incisive est rafraîchissante.

 

LOSERS : Oklahoma City Thunder
Sam Presti nous a habitué à mieux. Alors qu’OKC a frappé fort cet été en attirant Paul George et Carmelo Anthony, le Thunder n’a cette fois conclu aucun transfert pour tenter d’équilibrer un roster hétérogène en termes de talent. Suite à la blessure d’Andre Roberson, le Thunder convoitait Avery Bradley mais l’affaire ne s’est finalement pas conclue. Une belle occasion manquée car avec ses qualités de défenseur et de shooteur à distance, Bradley aurait constitué le complément parfait des 3 stars de l’équipe, et un upgrade par rapport à un Roberson qui ne sait toujours pas shooter.

 

WINNERS : Detroit Pistons
En mettant la main sur Blake Griffin, les Pistons récupèrent un joueur qui était candidat au titre de MVP il y a peu, avant les blessures et autres incidents. Griffin a la réputation d’avoir un physique fragile mais s’il parvient à éviter les blessures, Detroit aura réalisé une excellente affaire. Son association avec Andre Drummond est particulièrement prometteuse, le jeu de scoreur intérieur-extérieur de Griffin ainsi que ses qualités de passeur complémentant bien le jeu près du panier de Drummond. Sur le papier, les 2 joueurs forment l’une des paires d’intérieurs les plus athlétiques de la ligue, à voir si une complicité naît entre eux dans le jeu.

 

LOSERS : Los Angeles Clippers
D’abord Chris Paul, maintenant Griffin : on n’aurait pas parié que le dernier habitant de Lob City serait DeAndre Jordan. Les Clippers vivotent et sont entrés (à reculons et tardivement) en phase de reconstruction : pas sûr que DJ ou Doc Rivers s’attardent. Avec 2 ans et demi d’avance, Magic avait raison : « the Clippers are still the Clippers », et même s’ils sont encore techniquement devant leurs voisins, la tendance devrait s’inverser la saison prochaine et la hiérarchie des équipes de Los Angeles sera bientôt restaurée. De quoi torturer un peu plus leur triste fanbase.

 

WINNERS : Los Angeles Lakers
Depuis la reprise en main de la franchise par Jeanie Buss et Magic Johnson, les Lakers reconstruisent lentement mais sûrement, et cette saison des transferts réussie (ils récupèrent Isaiah Thomas et Channing Frye sans avoir à lâcher Brandon Ingram) est annonciatrice de grands projets : en se séparant du gros contrat de Jordan Clarkson et en récupérant 2 joueurs dont les contrats arriveront à expiration à la fin de la saison, L.A. a fait suffisamment de place dans sa masse salariale pour attirer 2 joueurs au salaire max cet été. Couplez cette info avec les rumeurs persistantes d’une arrivée de LeBron à L.A. cet été et vous avez un élément supplémentaire venant étayer cette théorie. En tout cas, Magic a déjà préparé son pitch et son plus beau sourire…

 

WINNERS : New Orleans Pelicans
A court terme, tout du moins. En obtenant Nikola Mirotic, les Pelicans ont récupéré un atout offensif et ajouté un peu de cette adresse extérieure qui leur faisait cruellement défaut jusqu’ici. Après l’arrivée de DeMarcus Cousins l’an dernier, les dirigeants ont à nouveau démontré à leur pépite Anthony Davis qu’ils étaient prêts à investir pour l’entourer de joueurs compétitifs. Au vu de la récente campagne de presse où AD faisait état de ses doutes sur la sincérité de l’engagement de la franchise envers lui, un coup sur le marché des transferts était nécessaire pour que les Pelicans rassurent leur star. Cette sortie médiatique de Davis était aussi rare qu’étonnante pour ce joueur habituellement si discret, mais elle est à mettre sur le compte de sa maturité grandissante : AD commence à réaliser sa valeur, et il n’hésite plus à user de son influence pour forcer son équipe à évoluer. Même si cela ne change rien au fait que la saison de New Orleans est plombée par la blessure de Boogie Cousins, c’est intéressant pour la suite.

 

LOSER : Tyreke Evans
On l’avait annoncé un peu partout, notamment à Boston. Les Grizzlies, anticipant son départ, ne l’avaient pas aligné pour les 4 derniers matchs avant la date limite des transferts. Mais en l’absence de propositions suffisamment attractives, Memphis a finalement décidé de conserver l’arrière vétéran. Dommage pour Evans, qui tourne à plein régime cette année (19,4 pts/m – 5 rbds/m – 4,9 ast/m) mais reste coincé dans une franchise dans la tourmente alors qu’il était convoité par quelques prétendants au titre.

 

WINNER : Dwyane Wade
Après une saison et demie loin de ses bases, le joueur phare des Heat pendant 13 saisons rentre au bercail. Un happy end bienvenu au crépuscule de la fantastique carrière de l’un des meilleurs 2e arrières de l’histoire de la ligue. Oubliées les embrouilles contractuelles avec Pat Riley, les 2 hommes sont réconciliés et D Wade va très probablement finir sa carrière à Miami, comme il se doit.

 

LOSER : Derrick Rose
Avec toutes les galères qu’il a connues ces dernières années, on s’en veut de tirer une fois de plus sur l’ambulance. Après une énième blessure début décembre, suivie d’une fugue/retraite méditative pour faire le point, le meneur des Cavs a été transféré à Utah, qui a prestement mis fin à son contrat. On parle bien d’une réunion avec Coach Thibs à Minneapolis ou d’un poste de meneur remplaçant chez les Wizards mais à vrai dire, cela n’a plus beaucoup d’importance. Il y a longtemps que la carrière de Rose est derrière lui, un crève-cœur quand on se rappelle ce dont le MVP 2011 était capable il y a 7 ans mais force est d’admettre que ce joueur n’existe plus. Rose rejoint Grant Hill, Penny Hardaway, Brandon Roy, Brad Daugherty et bien d’autres dont la carrière fut ruinée par les blessures. Un bien triste épilogue.

 

LOSER : Chandler Parsons

 

WINNERS : Golden State Warriors
Les vrais vainqueurs de cette saison des transferts : pendant que leurs poursuivants s’entre-déchirent dans la vaine illusion qu’ils pourront combler le déficit qui les sépare des champions en titre, Golden State les attend tranquillement, à la fraîche.

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