Il y a bien longtemps qu’on n’avait pas assisté à une fin de saison régulière aussi serrée ! Il aura fallu patienter jusqu’au 82ème et dernier match pour connaître tous les qualifiés en playoffs et les duels du 1er tour. Hormis les Rockets qui ont survolé la saison, les 15 autres équipes ont toutes connu des temps forts et des temps faibles, et le niveau général semble très équilibré : il faut s’attendre à des playoffs plus disputés que la saison dernière, et ce n’est pas nous qui allons nous en plaindre !
Les hostilités débutent ce soir, et pour vous aider à décrypter les duels de ce premier tour, nous nous sommes livrés à une analyse des forces en présence et y sommes allés de notre pronostic pour chaque série.
CONFÉRENCE EST
Toronto Raptors (n°1 / 59V-23D) vs Washington Wizards (n°8 / 43V – 39D)
A tous points de vue, les Raptors ont réalisé une superbe saison : record de victoires de la franchise en saison régulière, première place de la Conférence Est, performances dignes d’un MVP de la part de DeMar DeRozan, système offensif revu de fond en comble par Dwane Casey, banc performant… Pourquoi, dès lors, avons-nous tant de mal à croire en leurs chances d’aller au bout ? Malgré un roster équilibré et adaptable, l’équipe reste fondée sur le duo DeRozan-Lowry, qui a déjà montré ses limites en playoffs par le passé. Toronto a toujours du mal à entrer dans la compétition, dilapidant systématiquement l’avantage du terrain durement acquis au cours de la saison régulière : à date, les Raptors ont perdu le 1er match de leurs 10 dernières séries de playoffs. Il faut remonter à… mai 2001 et la demi-finale de conférence de Vince « Air Canada » Carter et coach Lenny Wilkens contre les Sixers d’Allen Iverson et Larry Brown pour trouver trace d’une victoire de Toronto dans un Game 1. Cela reste la seule victoire de la franchise dans le premier match d’une série de playoffs, Toronto affichant un record catastrophique de 1 victoire et 12 défaites dans cette configuration. Outre cette étrange malédiction, la fin de saison régulière en demi-teinte des Raptors n’a pas rassuré ceux qui doutent de leur capacité à vaincre le signe indien. Toronto aborde donc ces playoffs 2018 dans l’inconfortable position d’un leader fragile, une situation néanmoins préférable à celle de leur adversaire.
Après avoir poussé Boston dans ses derniers retranchements l’an dernier, on pensait les Wizards définitivement arrivés. Pourtant, l’équipe de la capitale n’a pas su confirmer cette année, affichant 6 victoires de moins au compteur en saison régulière. La blessure de John Wall explique en partie cette baisse de régime. Pis, elle a ouvert la boîte de Pandore : les inimitiés et dissensions qui couvaient depuis quelques temps entre ses cadres ont éclaté au grand jour et mis à mal la cohésion du groupe. Il est vrai que l’équipe a affiché un bon rendement en l’absence de son meneur All-Star, mais de là à sous-entendre, comme le fit Marcin Gortat, que les Wizards sont meilleurs sans John Wall, il y a un pas que la décence nous interdit de franchir. Wall n’est certes pas parfait mais il reste l’un des meilleurs meneurs de la ligue, d’une redoutable efficacité aux 2 extrémités du terrain, et son talent transformatif suffit à lui seul à ouvrir le champ des possibles pour les Wizards.
La série sera intéressante et disputée, avec l’opposition de 2 des meilleurs backcourts de la NBA. Si les apports des duos Lowry-DeRozan et Wall-Beal devraient globalement s’égaliser, de même que le duel de pivots Valanciunas-Gortat, la différence se fera ailleurs : la redoutable second unit des Raptors (Fred VanVleet, CJ Miles, Pascal Siakam, Jakob Poeltl, Delon Wright) devrait poursuivre le travail de sape mené en saison régulière et s’en donner à cœur joie face au banc famélique de Washington. Les Raptors connaîtront sûrement quelques trous d’air et les Wizards seront accrocheurs comme toujours, mais ça ne devrait pas suffire à déstabiliser le leader de la Conférence Est.
Notre pronostic : RAPTORS IN 6
Boston Celtics (n°2 / 55V-27D) vs Milwaukee Bucks (n°7 / 44V-38D)
La légendaire chance de Danny Ainge aurait-elle fini par tourner ? Déjà diminués par l’absence quasi immédiate de Gordon Hayward, les Celtics devront faire sans leur autre recrue de marque, le meneur vedette Kyrie Irving, à nouveau opéré du genou et out pour la saison (de même que l’intérieur allemand Daniel Theis). Quant à Marcus Smart, l’âme de l’équipe, il ne devrait pas être rétabli avant les demi-finales de conférence. Ces multiples blessures expliquent largement la perte de la première place de la Conférence Est dans les derniers mois de la saison régulière, mais l’équipe a malgré tout tenu la distance grâce à un collectif volontaire animé par les très jeunes swingmen Jaylen Brown et Jayson Tatum (qui mériterait quelques votes pour le titre de Rookie Of The Year), l’intérieur vétéran Al Horford et le meneur surclassé Terry Rozier. Signe distinctif de cette équipe, sa défense de fer. L’excellent coaching de Brad Stevens n’est pas étranger à ces bons résultats non plus. Malgré tout, sans leur soliste génial à la mène, les espoirs de titre des Celtics semblent définitivement oubliés pour cette année.
Face à eux, une équipe que l’on attendait mieux classée. Les jeunes Bucks ont stagné, gagnant à peine plus de matchs que la saison passée (44 victoires en 2017-18 contre 42 en 2016-17). Après un début de saison digne d’un MVP, Giannis Antetokounmpo est revenu à des performances plus « humaines », et s’il reste un talent générationnel hors normes, le Greek Freak n’a toutefois pas encore prouvé qu’il était capable de faire gagner son équipe. L’arrivée d’Eric Bledsoe après son embrouille « Jean-Claude Biguine » avec les Suns n’a pas permis à l’équipe de passer un cap, de même que le renvoi de Jason Kidd en cours de saison : le licenciement de coach Kidd n’a pas eu l’effet d’électrochoc attendu, les Bucks étant dans un faux rythme depuis son départ. La longue absence de l’arrière Malcolm Brogdon et la présence intermittente d’un Jabari Parker doué mais qui peine à trouver sa place n’ont rien arrangé. Cette saison régulière a laissé les Bucks avec plus de questions que de réponses.
Malgré les blessures de joueurs majeurs des Celtics, cette série devrait tourner à leur avantage : Boston dispose d’un groupe solide coaché avec brio et créativité par Brad Stevens. Avec Brown et Tatum, ils ont des joueurs longs, explosifs et habiles en défense qui seront à même de limiter l’impact de Giannis Antetokounmpo : l’absence de shoot extérieur fiable de ce dernier permettra à Boston de défendre plus près du cercle pour verrouiller le jeu de pénétration du grec. Ce problème est loin d’être isolé pour les Bucks : Milwaukee est 25e sur 30 à la fréquence de shoots à 3 points tentés et 24e au pourcentage de réussite à 3 points. Sans une menace crédible de shoot longue distance, Boston peut mettre en place une défense basse et compacte qui bloquera le jeu près du cercle de son adversaire. On voit bien les Bucks gagner un match à domicile lors de la série, mais pas beaucoup plus.
Notre pronostic : CELTICS IN 5
Philadelphia 76ers (n°3 / 52V-30D) vs Miami Heat (n°6 / 44V-38D)
Assurément la sensation de l’année : qui les attendait déjà en playoffs, 2 saisons à peine après leur putride record de 10 victoires pour 72 défaites ? Ce succès aussi fulgurant doit-il être attribué au fameux Process de Sam Hinkie ou à la présence de talents extraordinaires comme Joel Embiid et Ben Simmons ? Probablement un peu des deux. Hormis l’étrange gestion de la « blessure » de leur rookie Markelle Fultz, le bilan d’étape des Sixers est ultra positif et ils débarquent en playoffs sur une belle lancée, avec 16 succès de rang pour finir la saison. Phila est assurément l’équipe chaude du moment, mais les playoffs sont un tout autre animal. Le jeu se ralentit, les défenses se resserrent, l’arbitrage est plus permissif. Cette première expérience des playoffs pour une grande partie de leur jeune roster ne doit pas être sous-estimée : à part le shooteur de précision JJ Redick, rares sont les cadres de l’équipe à avoir connu les soirées chaudes des playoffs (Marco Belinelli, Amir Johnson et Jerryd Bayless aussi, mais bon…). Autre zone d’ombre majeure, l’absence potentielle de Joel Embiid pour tout ou partie de ce 1er tour : victime d’une fracture de l’orbite de l’œil gauche après s’être télescopé avec Fultz, le pivot des Sixers ne sera pas sur le terrain pour le premier match de la série. L’équipe a bien tourné malgré sa blessure, mais l’effectif des Sixers n’est pas riche au point de pouvoir se passer durablement de sa star s’ils souhaitent aller loin en playoffs.
Face à eux, les Miami Heat, le genre d’escouade accrocheuse et bien coachée que personne ne souhaite affronter au premier tour. La perte du fantasque Dion Waiters pour la saison en décembre a été digérée depuis longtemps, le meneur All-Star slovène Goran Dragic assure discrètement mais sûrement le leadership, D-Wade est de retour au bercail pour jouer les sixièmes hommes de luxe et le Heat peut compter sur une armée d’arrières et d’ailiers « 3 and D » qui défendent dur et font le taf. Bref, une équipe teigneuse et pénible pour tout adversaire. Seul Hassan Whiteside n’est pas à la fête : le pivot fait sa tête de lard comme souvent, cette fois pour avoir été mis sur le banc durant le 4e quart-temps de matchs décisifs de fin de saison durant lesquels l’impact positif de sa défense ne suffisait pas à compenser le poids mort qu’il représentait dans la fluidité et la rapidité du jeu d’attaque de Miami. A l’ère du shoot à 3 points, les grands pivots qui ne peuvent pas shooter à plus de 2 mètres du cercle sont une espèce en voie d’extinction. Un retour d’Embiid en cours de série pourrait donner à Whiteside l’occasion de prouver son utilité en défense.
Jeune équipe brillante mais inexpérimentée contre vieux routards besogneux, cette série est une opposition de style et un excellent test pour les Sixers. L’absence d’historique de ces derniers en playoffs rend le pronostic difficile, mais on peut aisément cerner les contours stratégiques de cet affrontement : en l’absence d’Embiid, Miami tentera de limiter l’impact de Ben Simmons en défendant loin de lui et en le forçant à shooter de loin, lui qui affiche une aversion historique pour les shoots longue distance. Cela contribuera à fermer les lignes de passe dans le jeu placé sur demi-terrain pour les Sixers. Il faudra donc que Philadelphie accélère le tempo pour générer des opportunités de contre-attaque et de transition, débloquant ainsi le fantastique potentiel de passeur du rookie australien. L’autre rookie de Phila, Markelle Fultz, est enfin de retour et frais comme un gardon ; il pourrait aussi jouer le rôle de facteur X. Et si Embiid revient plus tôt que prévu, la menace de son shoot à 3 points forcera son adversaire direct à le marquer de plus près et ouvrira la raquette aux pénétrations de Simmons. Malgré leur expérience, ça risque de faire beaucoup pour Miami.
Notre pronostic : SIXERS IN 6
Cleveland Cavaliers (n°4 / 50V-32D) vs Indiana Pacers (n°5 / 48V-34D)
On commençait tout juste à se faire à l’idée de l’inévitabilité de finales entre les Warriors et les Cavaliers jusqu’à nouvel ordre… Transfert inattendu de leur 2e meilleur joueur Kyrie Irving, arrivée de nouvelles recrues inefficaces et qui peinent à s’intégrer (Isaiah Thomas, Derrick Rose, Dwyane Wade, Jae Crowder), discorde interne, blessure de Kevin Love à la main, ravalement majeur de roster en février : la saison fut loin d’être un long fleuve tranquille pour les Cavs. Seule constante dans toute cette agitation : LeBron James. A coups de records personnels et de performances lumineuses, le roi a tenté de changer le récit de la saison difficile de son équipe et il a en grande partie réussi son coup. Depuis le retour d’un Kevin Love plus constant et confiant que jamais et l’intégration des nouveaux venus, Cleveland a retrouvé un semblant de stabilité. Malgré tout, la perte de talent de l’effectif depuis le départ d’Irving est significative et la place des Cavs en finale est loin d’être assurée, surtout avec l’avantage du terrain uniquement au premier tour. A part les Rockets d’Olajuwon et Drexler, champions en 1995 sans avoir l’avantage du terrain dans une seule série, qui a déjà réussi pareil exploit ? Les probabilités sont contre Cleveland, mais nombreux sont ceux qui ont parié contre James et s’en sont mordu les doigts par la suite.
Les Pacers ont eux aussi été contraints d’absorber le transfert d’un leader l’été dernier en la personne de Paul George. Sans leur ailier star, on n’attendait pas Indiana à ce niveau. La franchise s’est trouvée un nouveau leader inattendu avec l’éclosion aussi tardive que spectaculaire de Victor Oladipo. L’arrière, qui n’avait pas su s’imposer à Orlando et Oklahoma City, a pleinement tiré profit de son nouveau régime d’entraînement estival : il est devenu constant et s’est imposé comme la première option offensive et le leader indiscutable de la franchise. Il est bien secondé par le sniper bosnien Bojan Bogdanovic, le jeune pivot prometteur Myles Turner et le feu follet Lance Stephenson dans le rôle du playmaker d’appoint, avec ses hauts et ses bas. Le reste de l’effectif compte plus de joueurs de devoir que de talent, Indiana se reposera donc sur son collectif et son sens du sacrifice pour faire face à Cleveland.
Indiana est une équipe dure au mal mais l’écart de niveau entre les 2 rosters est plus important que le classement de la saison régulière ne le laisse penser, trop important en tout cas pour que les Pacers viennent contrarier Cleveland. Et tant qu’à invoquer les statistiques, rappelons qu’une équipe menée par LeBron James n’a JAMAIS perdu une série de premier tour des playoffs. A moins d’une hécatombe de blessures du côté des Cavs, on ne voit pas comment la tendance pourrait s’inverser cette année.
Notre pronostic : CAVS IN 5
CONFÉRENCE OUEST
Houston Rockets (n°1 / 65V-17D) vs Minnesota Timberwolves (n°8 / 47V-35D)
A tous les sceptiques (dont nous faisions partie) qui pensaient que Chris Paul et James Harden auraient du mal à coexister et partager le ballon, l’immense succès des Rockets en saison régulière a apporté un démenti cinglant. Cette réussite tient autant au bon sens des deux joueurs qu’au système mis en place par le génie offensif Mike D’Antoni. Outre le niveau hallucinant du très probable (et pleinement mérité) MVP de la saison James Harden et le jeu toujours sûr de CP3, Houston a pu compter sur un Clint Capela en net progrès et une cohorte de swingmen (Luc Mbah A Moute, Eric Gordon, Trevor Ariza, PJ Tucker) qui confère une remarquable flexibilité à ce roster assemblé de main de maître par le GM Daryl Morey. Cerise sur le gâteau, et nouveauté pour une équipe de coach D’Antoni : ça défend ! Et ça défend même très bien puisque les Rockets sont classés 6e en defensive rating. Et grâce à leur attaque de feu (2e en offensive rating), les Rockets ont écrasé la saison régulière. Reste désormais à savoir si la formule fonctionnera aussi bien en playoffs. Avec les déboires de ses rivaux, le chemin du titre (a minima des finales de conférence) leur est grand ouvert. Les Rockets, et tout spécialement Chris Paul, réussiront-ils à exorciser leurs vieux démons ?
Face à ce rouleau compresseur, une équipe en demi-teinte : les Timberwolves ont certes devancé les Denver Nuggets sur le fil, mais cette qualification en playoffs pour la première fois depuis 14 ans ne suffit pas à faire oublier une saison décevante au vu de leur effectif et de leur staff. Le vétéran fraîchement débarqué Jimmy Butler s’est imposé comme le patron malgré une saison parasitée par les blessures, Karl-Anthony Towns poursuit sa maturation en enquillant les double-doubles et Jeff Teague est toujours aussi efficace et discret à la mène. Cependant, le jeune ailier Andrew Wiggins a montré des signes de régression très préoccupants chez un si jeune joueur, avec une moyenne de points par match en net recul (17,7 contre 23,6 l’an dernier) et une adresse au tir en berne. Sur le plan collectif, le problème principal des Wolves vient de la défense : Minnesota pointe à la 23e place de la ligue, un déshonneur absolu pour une équipe coachée par le gourou défensif Tom Thibodeau. Ce dernier n’est d’ailleurs pas exempt de tout reproche : derniers de la ligue à la fréquence de tirs tentés à 3 points, les Wolves peinent à vivre avec leur temps, la faute à un coach qui n’a pas adapté son système aux nouvelles réalités de la NBA. Thibs s’est laissé dépasser par ses mauvaises habitudes : comme à Chicago, il fait bien trop jouer ses titulaires au risque que de ruiner leur santé, et il préfère s’entourer de joueurs usés qu’il connaît (Taj Gibson, Derrick Rose) que de jeunes recrues à développer. Les résultats en nets progrès sur le plan comptable (+14 victoires cette année) font l’effet d’un trompe-l’œil : dès sa 2e saison à Minneapolis, Thibodeau est contesté, et il faudra une bonne performance de son équipe en playoffs pour faire taire les critiques.
Au final, Houston ne devrait pas rencontrer de grandes difficultés face à des Wolves à la défense si fragile : Jimmy Butler risque de se sentir bien seul quand il devra tenter de contenir Harden et Paul… A moins d’un sursaut soudain de la défense des Wolves, Houston va réciter ses gammes offensives et Minnesota sera noyé sous une averse torrentielle de 3 points, de layups et de lancers francs. L’absence de Luc Mbah A Moute pour ce premier tour ne devrait pas poser de problème aux Rockets.
Notre pronostic : ROCKETS IN 4
Golden State Warriors (n°2 / 58V-24D) vs San Antonio Spurs (n°7 / 47V-35D)
Simple désinvolture ou signe d’un malaise plus profond ? Depuis le All-Star break, les Warriors sont loin de pratiquer leur meilleur basket, bouclant la saison sur 10 défaites en 17 matchs. Les champions en titre ont abandonné la première place de la conférence à Houston, avec un record (58 victoire – 24 défaites) qui en satisferait plus d’un mais qui est bien en deçà des standards auxquels ils nous avaient habitué. Après 3 finales de suite, l’usure mentale fait son oeuvre : membre des Bulls lors de leur deuxième three-peat, Steve Kerr sait à quel point il est difficile de maintenir la motivation d’équipes qui enchaînent de si longues excursions en playoffs. Le coach a tenté de piquer ses joueurs au vif par voie de presse à plusieurs reprises ces dernières semaines afin que ceux-ci se remobilisent en défense, mais ceux-ci ne semblent pas encore prêts à réagir. Plus alarmant que ce « syndrome de l’interrupteur » courant chez les équipes championnes, la blessure de Steph Curry au genou qui l’écartera des parquets au moins pour ce premier tour. Malgré la virtuosité de KD, la furtive efficacité de Klay Thompson ou le leadership gueulard de Draymond Green, Chef Curry reste le baromètre des Warriors : entre un Steph à 70% en 2016 et à 100% en 2017, il y a 1 titre NBA de différence pour les Warriors. Leurs chances de réaliser le doublé en dépendent.
Ce premier tour sera loin d’être une partie de plaisir pour les champions en titre, qui auraient sûrement préféré affronter les Pelicans : bien qu’affaiblis par l’absence de Kawhi Leonard et des remous internes que l’on ne leur soupçonnait pas suite à la blessure de ce dernier, les Spurs restent dangereux comme un animal blessé. LaMarcus Aldridge a tenu la baraque toute la saison, et le papy Manu Ginobili a puisé dans ses ressources pour aider les Spurs à atteindre les playoffs pour la 21e saison consécutive, l’un des derniers rodéos du génial argentin. Sans briller, San Antonio reste une équipe solide mais son effectif est vieillissant et manque d’atouts offensifs. On attend tout de même de voir quels tours Gregg Popovich sortira de son chapeau pour parasiter le jeu huilé des Warriors : rappelons-nous que l’an dernier, avant que Zaza Pachulia ne gêne « fortuitement » la réception de Kawhi Leonard, les Spurs menaient de 20 points sur le propre parquet des Dubs, qui n’avaient pu marquer que 42 points en une mi-temps : même Cleveland n’a pas fait mieux contre les Warriors lors de la finale passée.
Les Spurs seront bien présents et difficiles à manœuvrer : ils représentent l’adversaire idéal pour des champions en titre qui ont sérieusement besoin de se remettre dans le bain. On ne peut être plus d’accord avec Steve Kerr : les Spurs vont forcer les Warriors à sortir le meilleur d’eux-mêmes et à réveiller leur défense dantesque pour l’occasion. Draymond Green a déjà prévenu qu’il était particulièrement motivé à l’idée d’affronter Aldridge devant toute la nation, ça promet.
Notre pronostic : WARRIORS IN 5
Portland Trail Blazers (n°3 / 49V-33D) vs New Orleans Pelicans (n°6 / 48V-34D)
Surprenante équipe de Portland : menés par le toujours clutch Damian Lillard, l’efficace CJ McCollum et le coaching expert de Terry Stotts, les Blazers sont parvenus à se hisser à la 3e place de la Conférence Ouest à la surprise de tous, sauf de leurs supporters, réputés pour leur fanatisme. On sait que les playoffs dans l’Oregon, c’est Dame Time, reste à voir si l’ensemble de l’effectif de Portland sera à la hauteur, en particulier les intérieurs qui auront fort à faire face à Anthony Davis. Quand il est motivé, l’ours bosnien Jusuf Nurkic est capable de grandes performances mais il semble manquer de rapidité pour défendre sur AD, il faudra donc une défense collégiale solide pour contenir l’homme au mono-sourcil.
Depuis la blessure de Boogie Cousins fin janvier, Anthony Davis porte les Pelicans à bouts de bras. Sur ces dernières semaines, l’immense intérieur de New Orleans a commencé à réaliser le potentiel destructeur qu’on lui soupçonnait. Davis a définitivement passé un cap, il est devenu virtuellement inarrêtable en attaque, décisif en défense et surtout, il sait désormais comment faire gagner son équipe. Pour l’épauler, il pourra compter sur l’arrière sous-estimé Jrue Holiday, aussi impactant en attaque qu’en défense. Le reste de l’équipe est faible mais Nikola Mirotic et le brillant misanthrope Rajon Rondo rendront bien des services.
On s’attend donc à une série serrée : Lillard jouera les héros comme à l’accoutumée mais Jrue Holiday devrait lui donner du fil à retordre. Anthony Davis va dévaster la raquette des Blazers mais à moins que sa production compense le manque de talent du reste de l’effectif des Pelicans, les Blazers devraient se qualifier pour le tour suivant.
Notre pronostic : BLAZERS IN 6
Oklahoma City Thunder (n°4 / 48V-34D) vs Utah Jazz (n°5 / 48V-34D)
L’énigme… Après une fantastique intersaison qui lui a permis de prendre PG13 et Melo dans ses filets, OKC n’a jamais trouvé son rythme de croisière cette année, enchaînant prestations brillantes et lamentables sans réelle cohérence. Le Big 3 tant attendu du Thunder n’a jamais trouvé ses marques. Après une 2e saison avec un triple double en moyenne sur l’année (une grande première que même Oscar « Big O » Robertson n’avait pas accomplie), Russell Westbrook a poursuivi son impressionnante oeuvre statistique ; il n’a toutefois jamais trouvé le juste équilibre entre partage et leadership avec ses compères. Paul George a été tantôt brillant tantôt absent, et Carmelo Anthony doute au point de ne plus savoir quelle est sa place. Heureusement, le pivot néo-zélandais roublard Steven Adams assure le travail de l’ombre. Malgré leur inconstance, il faudra se méfier d’eux : grâce aux rotations réduites et au rythme ralenti des playoffs, le roster « top heavy » du Thunder devrait être plus à son avantage.
Le Jazz sort lui d’une saison qui finit bien mieux qu’elle n’avait commencé, après avoir survécu au départ de son leader/playmaker offensif Gordon Hawyard et aux pépins physiques de son leader défensif Rudy Gobert. Principaux responsables de cette bonne fortune : l’étonnant rookie Donovan Mitchell, qui n’a pas attendu qu’on lui en donne la permission pour prendre les clés du camion, et le coach Quin Snyder, qui a refondu le système au gré des départs et des blessures sans que cela affecte la dynamique de son équipe. Avec sa défense suffocante (2e en defensive rating cette année), le Jazz peut faire déjouer les attaques les plus douées ; Utah a donc de sérieux arguments à faire valoir.
Sur le papier, cette série est la plus équilibrée, et donc la plus indécise, de ce premier tour. Malgré ses errements coupables, le Thunder a démontré qu’il était capable de taper les plus gros (Houston notamment). Quant au Jazz, il pourra compter sur l’excellent Donovan Mitchell et une défense de fer menée par Rudy Gobert pour neutraliser le trio offensif d’Oklahoma City. Le choix est difficile, mais on va donner une très légère avance à l’équipe qui a l’avantage du terrain et le plus grand talent offensif, même si celui-ci reste largement sous-exploité pour le moment.
Notre pronostic : OKC IN 7