Pensionnaire de l’underground new-yorkais depuis le milieu des années 90, J-Live occupe une place de choix dans la longue lignée de MCs de la Grosse Pomme qui restèrent confinés aux bas-fonds malgré leur incroyable talent ; une tradition locale, en quelque sorte. Les projecteurs se braquèrent bien sur lui un court instant, et avec des productions de DJ Premier, Pete Rock et Prince Paul pour accompagner ses textes ciselés, son premier album « The Best Part » s’annonçait comme un rêve mouillé pour les esthètes du hip-hop. Victime de l’industrie musicale et sa fameuse règle n°4080, J-Live quitta le label Raw Shack Records avec pertes et fracas en 1999. L’album, pourtant finalisé, resta à prendre la poussière plusieurs années avant d’être enfin sorti par Triple Threat Productions en 2001, écœurant à jamais le MC de ces intrigues florentines si courantes dans le milieu de l’entertainment.

Loin des sommets des charts et des clubs tendance, l’ancien prof d’anglais (en parallèle de sa carrière artistique, il enseigna à Brooklyn entre 1998 et 2002) est avant tout éducateur dans l’âme et se revendique de la « true school », de celle qui se fait un devoir de réprimander les « fake MCs » au quotidien. Avec une telle vocation, le grand public n’aura probablement jamais vent de ses exploits, mais l’essentiel est ailleurs. J-Live est en accord avec sa nature profonde : un puriste qui n’en est pas hautain pour autant, juste un artisan passionné par sa discipline, partisan d’un travail toujours bien fait.

Notre pépite sonore du jour, « Braggin’ Writes (Dome Cracker Remix) », est sortie en 1996. L’original, avec son instru de session freestyle, est un classique de l’underground new-yorkais, mais on lui préfère ce remix et son atmosphère ambiante échafaudée par le brillant DJ Spinna. La bande-son rêveuse d’un jour gris d’automne, à New York ou ailleurs…

initiales-fond-noir-300x300px-1