Il paraît que c’est le Super Bowl ce week-end… La NBA n’en a cure. Preuve de l’excellente santé du produit NBA, une semaine de milieu de saison de la ligue réussit à capter l’attention au point de faire concurrence à l’événement sportif le plus visionné aux Etats-Unis. Il faut dire que cette semaine fut riche en rebondissements, notamment loin des parquets. Comme chaque semaine, Le 5 examine 5 actus clés de la semaine écoulée (et quelques brèves). Attaquons sans plus attendre.

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1/ Anthony Davis prépare ses valises
Le pavé dans la mare. Lundi, Anthony Davis a annoncé aux Pelicans qu’il ne comptait pas resigner avec eux à la fin de son contrat en 2020, et leur a officiellement demandé à être transféré. La nouvelle a oblitéré le reste de l’actualité NBA au point de rivaliser avec la couverture médiatique du Super Bowl. Et si son timing a surpris, cette annonce était pressentie depuis qu’AD avait engagé Rich Paul pour le représenter fin septembre. La connexion entre Rich Paul et son ami d’enfance LeBron avait déclenché les premières rumeurs d’une prochaine signature d’AD aux Lakers, autant dire que quand la demande de transfert de l’intérieur de New Orleans a été rendue publique lundi, ça s’est mis à s’agiter du côté de L.A.

Du côté de Big Easy, la pilule a du mal à passer et les Pels ont prestement retiré AD de leur vidéo d’avant-match. Pour sanctionner Davis d’avoir rendu sa demande de transfert publique par la voix de son agent, la NBA a infligé au brillant intérieur de New Orleans une amende de 50 000$. Sachant qu’il touche 25 millions de $ cette saison, cette amende est pour lui l’équivalent d’une contravention pour stationnement interdit.

Si Anthony Davis n’a pas officiellement annoncé sa destination de choix, il semble clair qu’il souhaite être transféré aux Lakers. En demandant ce transfert plus d’un an avant la fin de son contrat, il rend service à New Orleans, qui n’est pas pris au dépourvu et a le temps de s’organiser pour la suite, et aux Lakers, qui peuvent commencer les négociations dès maintenant et prendre une longueur d’avance sur leur principal rival sur ce dossier, les Celtics. En effet, pour des questions techniques liées au transfert de Kyrie Irving, Boston ne peut réaliser de transfert pour AD avant cet été à moins d’y inclure Kyrie, ce qui semble peu probable. Davis a laissé entendre qu’il n’était pas intéressé par les Celtics mais entre ses jeunes pousses (Jayson Tatum, Jaylen Brown, Terry Rozier…), ses vétérans de qualité (Al Horford, Gordon Hayward, Marcus Morris…) et ses millions de choix de draft thésaurisés par leur GM Danny Ainge, c’est bien Boston qui est en mesure d’offrir la meilleure monnaie d’échange potentielle pour les Pelicans. Ainge a déjà annoncé que tout son roster (sauf Kyrie) était sur la table, mais le rouquin malin devra ronger son frein jusqu’à l’été et espérer que la persuasion légendaire et le sourire Colgate de son vieux rival Magic Johnson ne viendront pas à bout de la volonté des Pelicans d’ici à la date butoir des transferts jeudi prochain. Pour la forme, il nous faut mentionner que les Knicks ont manifesté un fort intérêt pour un transfert d’AD mais au vu de la scoumoune de la franchise, de la vacuité de son roster et du coup de Trafalgar d’hier (cf. ci-dessous), cette piste, déjà peu crédible, ne l’est plus.

D’ici la deadline du 7 février, la voie est dégagée pour Los Angeles. Entre des Pelicans qui n’ont aucunement intérêt à se presser, et des Lakers qui veulent coiffer leurs concurrents au poteau, la partie de poker menteur est engagée. Après avoir filtré les appels comme une CPAM un vendredi après-midi, le GM des Pelicans Dell Demps a fini par discuter avec Magic et Rob Pelinka qui lui ont proposé plusieurs options, dont un package costaud comprenant Lonzo Ball, Kyle Kuzma, Brandon Ingram, Ivica Zubac et un 1er tour de draft. Si le deal se concluait dans ces termes, il laisserait un trou béant dans le roster des Lakers, faisant planer sur ce deal le spectre du transfert de Carmelo vers New York, qui laissa le roster des Knicks exsangue et explique en partie les problèmes actuels de la franchise. Cela dit, quand on peut mettre la main sur un joueur aussi exceptionnellement rare qu’Anthony Davis, le jeu en vaut la chandelle. Les négociations sont en cours, reste à voir comment les jeunes Lakers (di)géreront la situation, surtout si celle-ci s’éternise. Pour le moment, ils sont dans de bonnes dispositions et leurs performances n’en sont pas affectées, mais cela durera-t-il ?

 

2/ Kristaps Porzingis transféré à Dallas
Celui-là, on ne l’avait pas vu venir. A la surprise générale, les Knicks ont annoncé hier qu’ils transféraient leur star Kristaps Porzingis en direction des Mavericks. Le deal envoie le jeune All-Star letton, Tim Hardaway Jr., Courtney Lee et Trey Burke à Dallas en échange de Dennis Smith Jr., Wesley Matthews, DeAndre Jordan et 2 premiers tours de draft à venir. Dallas est donc arrivé à New York mercredi, a collé une fessée (+24) aux Knicks le soir même et a quitté la ville avec leur meilleur joueur dans ses valises le lendemain.

Tout est allé si vite que l’on s’interroge encore sur les circonstances d’un transfert qui paraît soudain mais ne l’est sûrement pas. Selon les toutes premières infos qui ont fuité, KP aurait « donné l’impression qu’il souhaitait être transféré » lors d’un rendez-vous qu’il a eu hier avec l’équipe de direction des Knicks, une formulation vague et passive-agressive qui ne suffit pas à justifier à elle seule la rapidité avec laquelle les annonces se sont enchaînées. Difficile de croire que ce deal n’était pas en préparation depuis quelque temps déjà, surtout en voyant la poignée de main entre KP et Luka Doncic mercredi soir. Le président des Knicks Steve Mills a depuis déclaré que KP avait clairement indiqué qu’il n’était pas en phase avec les plans futurs de la franchise lors de ce rendez-vous expéditif (moins de 5 minutes), raison pour laquelle les Knicks auraient décidé de concrétiser les discussions de transfert qu’ils avaient entamées depuis quelques temps avec plusieurs équipes. KP ne semblant pas vouloir prolonger à New Orleans dans le cadre d’un éventuel transfert aux Pelicans en échange d’Anthony Davis, les Knicks ont finalement conclu avec les Dallas Mavericks.

Au-delà de ses circonstances, c’est le contenu de ce transfert qui laisse dubitatif.  New York se sépare de son joueur-phare, peut-être la seule réussite de l’ère Phil Jackson, pour acquérir un joueur qu’ils auraient pu drafter (Dennis Smith Jr., auquel ils préférèrent notre Frank Ntilikina national), 2 contrats arrivant à expiration cet été (Wes Matthews et DJ) et des choix de draft. Le retour est bien maigre, surtout quand on sait que le letton était encore sur son contrat de rookie, le genre de deal d’excellent rapport qualité-prix qui ne grève pas la masse salariale d’une équipe. Certes, les Knicks s’assurent ainsi une masse salariale disponible d’au moins 70 millions de $ cet été, de quoi signer 2 stars au salaire max, mais cela valait-il la peine de se séparer d’une jeune licorne comme KP pour faire des économies ?
Les Knicks joueront donc très gros cet été. New York a fait de Kevin Durant et Kyrie Irving ses cibles prioritaires, et espère que son mauvais record cette année lui permettra de décrocher le 1er choix de la draft et de récupérer le très prometteur Zion Williamson. De là à ce qu’ils se retrouvent avec Kemba Walker, Tobias Harris et le 5e choix de la draft… Ce transfert au potentiel hardenesque viendrait alors s’ajouter à une longue liste de mauvaises décisions qui torturent les fans des Knicks depuis près de 20 ans. Depuis 24 heures, certains d’entre eux doivent même se surprendre à regretter le Zen Master.

Côté Mavs, les perspectives d’avenir ont changé du tout au tout en moins d’un an. L’association Doncic-Porzingis est séduisante (en espérant que le géant letton se remette totalement de la rupture du ligament croisé antérieur subie la saison dernière), et vu le jeune âge des 2 joueurs, elle donne à Dallas une fondation aussi solide que durable. Pour acquérir ce talent unique, le roster s’est peu affaibli. On notera également l’ironie de voir les Mavs se séparer de DeAndre Jordan quelques mois après l’avoir signé, après son rocambolesque transfert avorté vers Dallas en 2015. Si la franchise parvient à conserver Porzingis et Doncic, Dallas tient son identité post-Dirk.

 

3/ Les remplaçants du All-Star Game enfin dévoilés
Passée quasi inaperçue hier dans le chaos médiatique qui a suivi le transfert de Kristaps Porzingis, la liste des remplaçants du prochain All-Star Game a été annoncée.

Le banc de l’Est accueillera Bradley Beal, Blake Griffin, Kyle Lowry, Victor Oladipo et les nouveaux venus Ben Simmons, Nikola Vucevic et Khris Middleton. A l’Ouest, ce sont AD, LaMarcus Aldridge, Damian Lillard, Klay Thompson, Karl-Anthony Towns, Russell Westbrook et le nouveau venu Nikola Jokic qui ont reçu les faveurs des coaches.

Premier constat : les coaches n’ont pas cédé à la hype qui entoure le rookie Luka Doncic depuis le début de la saison. Ils n’ont pas non plus versé dans la nostalgie et n’ont pas retenu les candidatures des vétérans Derrick Rose et Dwyane Wade, tout autant souhaitées par les fans. La principale surprise de cette liste réside dans l’absence de tout joueur d’Utah : au vu de leurs performances individuelles et des résultats du Jazz, Rudy Gobert et/ou Donovan Mitchell auraient largement mérité de figurer parmi ces réservistes. Parmi les autres absents notables, Jimmy Butler, Draymond Green, Jrue Holiday, Tobias Harris, Danilo Galinari, DeMar DeRozan, Devin Booker, D’Angelo Russell, Spencer Dinwiddie…
Reste à savoir qui sera choisi pour remplacer Victor Oladipo, absent jusqu’à la fin de la saison sur blessure. Espérons que le choix du commissioner Adam Silver se portera sur Russell ou Dinwiddie pour récompenser la saison inattendue des Brooklyn Nets.

 

4/ Le bal des prétendants
Avec toutes ces annonces, on en oublierait presque qu’il se passe aussi des choses intéressantes sur les parquets. La grosse affiche de la semaine a opposé Boston et Golden State samedi, les Warriors venant s’imposer 115-111 sur le parquet des Celtics au terme d’un excellent match, serré jusqu’au buzzer. S’il est toujours incertain de se baser sur des matchs de saison régulière pour anticiper les oppositions lors des playoffs, cette potentielle affiche de la prochaine finale a montré à quel point ces 2 équipes sont proches et pourtant si loin. Sur le papier, le roster ultra fourni des Celtics est l’un des rares à pouvoir rivaliser avec les Warriors, mais la vérité du terrain montre qu’un fossé sépare encore le champion en titre et son challenger, surtout dans la gestion du crunch time. C’était la 10ème victoire d’affilée pour des Dubs qui ont poussé la série à 11 unités avant d’être défaits à domicile par les Sixers hier soir.

 

5/ Trae Young en progrès
Le succès hors norme du rookie phénomène Luka Doncic à Dallas promettait de hanter les Atlanta Hawks, qui ont échangé le slovène pour l’artificier débutant de l’université de l’Oklahoma Trae Young. Tous les ingrédients étaient réunis pour un énième exemple de draft magistralement ratée (les Blazers qui sélectionnent Sam Bowie au lieu de Michael Jordan, les Blazers qui draftent Greg Oden à la place de Kevin Durant…), mais les belles performances récentes du jeune meneur d’Atlanta viennent mitiger ce constat. S’il pêche encore sur la réussite aux tirs (29,5% à 3 points) et les pertes de balle (4 turnovers par match), Trae Young est en nets progrès en 2019, affichant 18,7 points et 7,2 passes décisives en moyenne depuis début janvier. L’intéressé ne manque pas de confiance en lui et assure le SAV dans les médias américains, arguant que la draft a fonctionné pour les Hawks comme pour les Mavs et se prédisant une meilleure carrière que Doncic sur le long terme. Dans le meilleur des cas, les destins croisés des 2 rookies pourraient mener à une même réussite malgré des trajectoires très différentes.

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Sur le banc :

→ Après 17 matchs manqués, un LeBron James rouillé a retrouvé les parquets et les Lakers ont battu les Clippers en prolongation 123 à 120 hier soir, une victoire qui pourrait s’avérer importante entre 2 adversaires au coude à coude dans la course à la qualification  en playoffs.

→ Autre blessé de marque à rejoindre ses coéquipiers, Chris Paul a fait son retour dimanche contre Orlando. La série de matchs à plus de 30 points de James Harden va-t-elle en souffrir ?

→ Face à un rival d’envergure, Steph Curry a tenté d’appliquer les méthodes de Michael Jordan et de « ramollir » Joel Embiid en l’invitant à dîner dans le restaurant de sa femme la veille du match entre les Sixers et les Warriors. Echec.

→ Cette passe

→ Les frères Curry contre Dirk Nowitzki au concours de 3 points du All-Star Game, c’est Curry vs Currywurst.

→ Avec les enfants, il y a 2 écoles. Pour chaque Nikola Jokic qui leur fait faire l’avion, il y a un Draymond Green pour ruiner leurs espoirs comme Roots Manuva ou Rajon Rondo.

→ Un mal mystérieux a frappé les intérieurs NBA cette semaine. Le « syndrome Jackie Moon » avait déjà atteint Nikola Jokic et hier soir, c’est Blake Griffin qui a développé les premiers symptômes. Sortez les combinaisons hazmat !

→ Décidément, Steph Curry tient VRAIMENT à passer dans Shaqtin’ A Fool.

→ Kyrie Irving va produire un film d’horreur sur le Skirvin Hotel d’Oklahoma City, qui héberge souvent les équipes venant affronter le Thunder et a la réputation d’être hanté (probablement par le fantôme du transfert de James Harden).

→ Ce même Irving va coacher l’équipe US du Rising Stars Challenge lors du All-Star Game : c’est bien connu, il sait comment parler aux jeunes… Dirk Nowitzki coachera quant à lui l’équipe internationale : c’est toujours sympa, un vieux prof proche de ses élèves.

→ Dans la rubrique #JaiMalAMonBasket, la séquence de la semaine.

→ Nouveauté en rayon cette semaine : le floater à 3 points.

→ Visiblement, l’annonce de la retraite de Manu Ginobili a fini par arriver aux oreilles des chauves-souris de San Antonio. Ces dernières ont fait leur grand retour dans la salle des Spurs sans craindre de se prendre une beigne de la part de l’argentin.

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