Pour prolonger encore un peu l’esprit carnavalesque après notre récente émission, tous les moyens sont bons, même les plus ténus. Avec son titre explicite, le morceau du jour est remonté à la surface de notre esprit nébuleux lors des recherches préparatoires pour l’émission. S’il ne cadrait pas suffisamment avec la thématique de celle-ci pour y être inclus, que cela ne nous empêche pas de l’apprécier ici.

« Carnival » est extrait du 1er album du MC haïtien Wyclef Jean, sorti en 1997. Avant le désormais classique « The Miseducation Of Lauryn Hill » et l’éphémère « Ghetto Superstar » de Pras l’année suivante, on oublie parfois que Wyclef fut le premier Fugee à tenter l’aventure en solo. Quand on sort d’un succès planétaire comme « The Score », la solution de facilité consisterait à rester dans le confort douillet de son groupe et reproduire la formule jusqu’à épuisement du filon. Avec des envies d’ailleurs et de la confiance à revendre, Wyclef sort du bois en juin 1997 avec « Wyclef Jean Presents The Carnival », un album aussi éclectique que son parcours de vie. On y découvre l’étendue de ses talents de mélodiste sur « Gone ‘Til November », sans que son oreille aiguisée de sampleur n’en souffre comme en témoignent le sombre « Year Of The Dragon » et sa boucle de The Police, ou encore les 3 notes d’intro de Bernard Wright sur l’énigmatique storytelling urbain « Bubblegoose ». Mais ce qui distingue Wyclef Jean de ses homologues, ce sont les influences caribéennes qui imprègnent sa musique. Arrivé aux USA à 9 ans, le MC haïtien revendique avec fierté son patrimoine culturel antillais au gré de sons reggae (« Jaspora »), latins (« Guantanamera ») et de chants en créole haïtien (« Sang Fézi », « Yélé »).

Gardant le meilleur pour la fin avec notre morceau du jour « Carnival », Wyclef nous gratifie d’un kompa à l’ancienne qui rappelle les plus belles notes de Toto Nécessité, son compatriote de la Perle des Antilles. Pour l’occasion, il conclue une toute-puissante alliance créole avec les légendes de Kassav’, Jocelyne Béroard et Jacob Desvarieux. Tout en douceur, le timbre clair de la première et la voix rêche de ce dernier trouvent naturellement leur place sur ce morceau midtempo qui respire la chaleur tropicale.

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