Nous avions déjà tourné autour du pot en début d’année. Pour l’un de nos derniers posts de 2018, nous abordons une fois encore l’œuvre de Stevie Wonder par ricochet, via la cover d’un de ses morceaux emblématiques par le pianiste jazz américain Gene Harris. Reprendre l’un des titres phares d’un artiste légendaire est un exercice périlleux. Les exemples d’échecs cuisants sont aussi nombreux que tragiques, chacun d’eux sonnant comme un énième coup de boutoir contre nos délicats tympans.

Le morceau du jour est extrait de l’album « Tone Tantrum », sorti chez Blue Note en 1977 et sur lequel on retrouve les participations de Dorothy Ashby, Donald Byrd, Deneice Williams… Un choix qui sera certainement peu apprécié des puristes, qui considèrent qu’en optant pour un jazz-funk aimé des ondes radio et très en vogue au cours de cette décennie, Harris a cédé à la facilité et galvaudé son talent. Et quitte à se mettre tout le monde à dos, voire à friser le blasphème, on avouerait presque une préférence pour la version de Gene Harris. Si la trame de départ des deux morceaux est sensiblement la même, la destination finale ne l’est pas. Là où l’original en appelle à la musique sacrée avec ses chœurs gospel, la reprise de Gene Harris oscille vers le profane. Ses cuivres percutants et sa rythmique prégnante donnent un coup de fouet au morceau et amplifient son effet énergisant, le transportant du chœur de l’église au milieu du dancefloor.

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